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Réouverture des débits de boissons, quartier de SoHo, Londres, le 12 avril 2021. À la fin d’un long troisième confinement imposé sur tout le territoire du Royaume-Uni, la population retrouve avec exaltation le chemin des “pubs” du pays. © Tolga Akmen/AFP

Pandémie

Réouvertures : quand le retour à la normalité fait tout drôle

Pierre Terraz publié le 15 avril 2021 3 min

Le 12 avril dernier, la Grande-Bretagne annonçait la réouverture de ses fameux « pubs », au terme d’un confinement hivernal apparemment efficace. À la stupeur générale des médias européens, qui pointaient du doigt une première nuit de « débordements », une situation « hors de contrôle » et même des rues remplies d’« ivrognes qui ont du mal à se maîtriser ».

Cette inquiétude face à une activité ordinaire, celle de boire un verre, révèle la stupéfaction de personnes qui ont perdu l’habitude de vivre « normalement ». Et fait émerger cette « inquiétante étrangeté » du quotidien et du familier dont parle Sigmund Freud – qui est d’ailleurs mort à Londres. Psychanalyse de la réouverture des pubs. 

 

  • L’étonnement inattendu. Si nous nous étonnons autant de voir ces photos d’Anglais en joie, accoudés à la terrasse des bars – et d’autant plus quand eux-mêmes en paraissent ébahis, presque incrédules –, c’est probablement parce qu’il semblait inconcevable que ce qui était interdit depuis si longtemps puisse réapparaître si soudainement. Dans son essai L’Inquiétante Étrangeté (Das Unheimliche), paru en 1919, Freud décrit l’effet sur la conscience du familier devenu étrange. Le psychanalyste y écrit que « l’effrayant […] se rattache aux choses connues depuis longtemps, et de tout temps familières. » Ainsi, même les choses connues recèlent un caractère énigmatique, que nous tendons à oublier, justement, du fait de leur banalité. Et c’est uniquement lorsque nous percevons à nouveau l’originalité de ces choses (après une longue période de restrictions sanitaires, par exemple), que cela nous effraie. Car finalement, ce que nous faisions autrefois « par choix » relevait peut-être plutôt d’une habitude non réfléchie. Non pas que prendre un verre en terrasse ne fut jamais un plaisir, mais peut-être un loisir trop peu savouré à sa juste valeur.
  • Le fantôme du passé. « Ce qui semble, à beaucoup de gens, au plus haut degré étrangement inquiétant, c’est tout ce qui se rattache […] à la réapparition des morts, aux spectres et aux revenants », dit encore Freud. Si le retour de la sociabilité de comptoir nous effraie, ce serait aussi parce qu’elle fait ré-émerger une civilisation morte, un mode de vie que l’on croyait dépassé… une vanité du farniente de café dédié à la consommation et au divertissement inconséquent, que nous pensions pouvoir remplacer par des habitudes de vie peut-être plus profondes et plus sensées. 
  • La rengaine insipide du quotidien. C’est là le troisième point du psychanalyste autrichien, pour qui la dimension magique du monde s’efface dès lors que « ce que nous avions tenu pour fantastique s’offre à nous comme réel ». Nous avons tous rêvé le retour à la « vie d’avant » durant cette année de pandémie. Mais lorsqu’un fantasme s’offre à nous et devient réalisable, il ne peut qu’avoir le goût décevant d’une chose accessible sans effort. La réouverture tant rêvée des « pubs » ferait l’objet d’un glissement du fantastique vers le réel, qui n’est finalement pas si désirable.

 

Pour Freud, la modernité est le temps de l’insolite, du vacillement des repères traditionnels et des certitudes. Certes, dans cette modernité, « on ne s’y retrouve plus », comme on dit. Mais n’est-ce pas justement cela qui est beau ? Alors plutôt que de revenir à la « vie d’avant », il devient urgent de préparer celle d’après.

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