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Moscou, le 10 mars 2011. En visite officielle en Russie, Joe Biden, alors vice-président des États-Unis, échange une poignée de mains avec Vladimir Poutine. © Alexander Natruskin/Reuters

International

Rencontre Biden-Poutine : l’enjeu du “parler vrai”

Michel Eltchaninoff publié le 16 juin 2021 4 min

Ce mercredi a lieu à Genève la première rencontre entre Vladimir Poutine et Joe Biden depuis l’élection de ce dernier au poste de président des États-Unis. Elle se tient en zone neutre, tant les relations entre les deux États se sont dégradées ces derniers mois. Elle promet d’être tendue. Contrairement au prudent Barack Obama et au complaisant Donald Trump, Joe Biden annonce un nouveau style de rapports avec le président russe : être très franc et direct avec celui qu’il considère comme un « tueur », comme il l’a affirmé à la télévision américaine. Et cette posture met Vladimir Poutine dans l’embarras, car le président russe se targuait jusqu’à présent d’être le leader mondial du « parler vrai ». Explications avec Michel Foucault.

 

  • Un air de guerre froide. Les sujets de désaccord sont nombreux entre les présidents américain et russe, qui se connaissent bien, mais qui inaugurent mercredi 16 juin leurs relations en tant que présidents : les cyberattaques russes contre les États-Unis et les ingérences dans les processus électoraux occidentaux, la guerre hybride que mène le Kremlin en Ukraine, l’écrasement de l’opposition en Russie, les relations avec la Chine ou l’Iran, etc. L’atmosphère n’a jamais été aussi mauvaise depuis la guerre froide. En mai dernier, la Russie classait d’ailleurs les États-Unis sur la liste des « pays inamicaux ». Les États-Unis sont dénoncés, dans tous les discours de Vladimir Poutine, comme un État dominateur qui cherche à entraver le déploiement naturel de la puissance russe.
  • La franchise de Biden. Ce qui a changé depuis l’arrivée de Joe Biden à la présidence, c’est le ton employé à l’endroit du locataire du Kremlin. Tandis que Barack Obama avait rêvé d’une réinitialisation (« reset ») des relations avec Moscou, avant d’assister, impuissant, à ses interventions militaires en Ukraine, en Syrie, etc., et alors que Donald Trump faisait preuve d’une étrange indulgence, voire d’une forme d’admiration vis-à-vis de Vladimir Poutine, la posture de Biden est claire : il veut dire son fait au président russe et n’admettre aucune faiblesse à son endroit. Il considère son homologue comme un « homme dur, froid », comme un « tueur » qui devra « payer » le prix de ses actes, en référence aux assassinats et tentatives d’assassinats contre des opposants qui émaillent les mandats de Vladimir Poutine depuis deux décennies.
  • Revendiquer le « courage de la vérité ». Biden se veut ici un adepte du « courage de la vérité », traduction de la vertu grecque de la parrêsia (παρρησία, ou parrhèsia) analysée par Michel Foucault dans ses cours au Collège de France (1983-84). Dans leur quête de vérité vécue ici et maintenant, les sages de l’Antiquité, comme par exemple Diogène le Cynique, n’hésitaient pas à rompre bruyamment avec les conventions sociales et l’ordre moral dominant. Au nom de la fidélité au vrai, ils osaient se confronter à l’opinion majoritaire et à leurs contradicteurs. Biden n’a rien d’un sage, mais il prétend retrouver une inspiration politique plus vigoureuse, après les atermoiements d’Obama et les gesticulations de Trump.
  • Le choc des « parlers vrai ». Là où cette conviction est aussi une tactique, plutôt habile d’ailleurs, de la part de Joe Biden, c’est que depuis des années, celui qui prétend détenir le monopole de la libre parole sur la scène mondiale est justement Vladimir Poutine. En s’opposant systématiquement à la politique européenne et américaine, le président russe veut incarner le camp des « sincères » contre celui des « fourbes ». Il reproche aux Occidentaux de dissimuler leur volonté de puissance derrière des motifs humanitaires, et de rendre la vie sociale impossible avec le règne du « politiquement correct ». En Russie, proclame Poutine, cela ne se passe pas ainsi : « On essaie toujours de nous repousser dans un coin parce que nous avons une position indépendante, parce que nous la défendons, parce que nous appelons les choses par leur nom et ne jouons pas aux hypocrites », affirme-t-il en 2014. Il est d’ailleurs coutumier des formules lestes ou provocatrices. Vladimir Poutine a toujours cherché à valoriser, par contraste avec les prudences et l’hypocrisie occidentales, la prétendue franchise de la Russie.
  • Poutine en difficulté ? Ce contraste n’existe plus. Vladimir Poutine est d’ailleurs gêné aux entournures par le style direct de Biden. C’est très visible lors de l’entretien qu’il a accordé à la chaîne américaine NBC le 14 juin. Lorsque le journaliste demande à Poutine si Biden lui a vraiment dit en face, il y a longtemps, « qu’il était dénué d’âme », le président russe nie, puis tient des propos pour le moins confus : « Cela dépend du contexte [dans lequel ces mots ont été prononcés], cela dépend de la forme. Vous comprenez, on peut dire ça de manières très diverses… »

 

Le président russe, en réagissant aux propos vigoureux tenus par Joe Biden à Genève, devra alors suivre une autre caractéristique de la parrêsia relevée par Foucault : « C’est aussi le courage de l’interlocuteur, qui accepte de recevoir comme vraie la vérité blessante qu’il entend. » Mais comme il est très douteux que Vladimir Poutine admette ce que lui reproche Joe Biden, il ne pourra plus se montrer au monde entier comme le champion du « parler vrai ». Le bras de fer ne fait que commencer.

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