Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Rachel Levine © Mark Moran/AP/SIPA

États-Unis

Rachel Levine, première femme trans au gouvernement

Octave Larmagnac-Matheron publié le 09 février 2021 4 min

« Un choix historique », selon ses propres mots : Joe Biden a choisi Rachel Levine, une femme transgenre, pour endosser le rôle de secrétaire adjoint à la Santé dans son administration. « Elle apportera le leadership ferme et l’expertise cruciale dont nous avons besoin pour guider les gens à travers cette pandémie, peu importe d’où ils viennent et quels que soit leur origine ethnique, leur confession, leur orientation sexuelle, leur genre ou leur handicap », a souligné le nouveau président des États-Unis. Pédiatre de formation, Levine n’est pas une novice en politique : depuis 2017, elle dirigeait le département de la Santé de l’État de Pennsylvanie depuis 2017. Les réactions, hostiles, ne se sont pas fait attendre : « Levine est un homme qui croit qu’il est une femme », pouvait-on lire sur le compte de l’organisation Focus on the Family – depuis banni de Twitter. Sa nomination est, évidemment, hautement symbolique. Mais pas seulement : la santé des Américains, dont elle aura la charge, est en effet un enjeu majeur des existences trans. Explications avec le philosophe trans Robin Dembroff, professeur auxiliaire à l’université de Yale, que nous avons interrogé. 

  • La nomination de Rachel Levine au gouvernement américain comporte, évidemment, une dimension symbolique : c’est la première fois qu’une femme trans occupe un poste fédéral aussi important. « La réussite publique de toute personne ouvertement transgenre, comme celle de Rachel Levine, laisse envisager la possibilité d’une société future dans laquelle toutes les personnes trans pourraient nourrir des aspirations au-delà de la simple survie », souligne Robin Dembroff. Question de visibilité, donc : visibilité des personnes trans au sein de la société, bien entendu. Mais prise de conscience, aussi, pour les personnes trans que leur propre ascension sociale est possible, concrètement.
  • Cette nomination, cependant, n’est pas seulement un symbole. La santé, dont Rachel Levine aura la charge, est un « domaine essentielle des luttes trans ». Les personnes trans sont, en effet, beaucoup plus exposés aux violences, physiques et psychiques (dépression, anxiété, etc.), qui s’ajoutent à la détresse inhérente à la dysphorie de genre (le fait de ne pas se reconnaître dans le genre assigné à la naissance). Une étude de 2019 portant sur 6 450 personnes trans aux États-Unis indique que 41% d’entre elles ont déjà fait une tentative de suicide (pour une moyenne nationale de 4,6%). Les personnes trans ont, indéniablement, besoin d’un accompagnement médical adapté, ce qui est rarement le cas : pour des raisons économiques d’une part (car, en raison des discriminations, les trans vivent beaucoup plus souvent en situation de précarité), mais aussi à cause de la réticence des médecins. 75% des personnes trans déclarent ainsi avoir eu au moins une mauvaise expérience avec un médecin.
  • La question de l’accès aux soins est donc essentiel, et le choix de Rachel Levine prend ainsi tout son sens. Il faut, pourtant, se garder de caricaturer la situation : la science est, par bien des aspects, « en avance sur la société », souligne Dembroff. « Pour la plupart des gens, le sexe biologique est dimorphique, et le sexe biologique détermine (ou “devrait” déterminer) la sexualité et le comportement. » Au contraire, « depuis les débuts de l’endocrinologie au tournant du XXe siècle, les scientifiques ont acquis une quantité considérable de connaissances sur la complexité des caractères sexuels primaires et secondaires, et sur leur rapport avec la sexualité et le comportement humain ». Un véritable « gouffre politisé » s’est creusé entre « les attitudes sociétales et le soin médical disponible. » Politisé, parce que le politique instrumentalise, selon Dembroff, la question médicale pour en faire un outil d’exclusion et de domination. En témoigne la législation en vigueur dans une bonne moitié des États américains qui exige, pour tout changement de genre à l’état civil, de fournir la preuve d’une chirurgie de réassignation sexuelle. « Dispositifs illégitimes », juge Dembroff.
  • Pourtant, il serait, selon Dembroff, délétère d’avoir, de Levine, des attentes démesurées. « De mon point de vue, la charge de remettre en cause ces exigences illégitimes n’incombe pas aux personnes trans elles-mêmes : la charge devrait plutôt reposer sur les épaules des personnes cis qui refusent d’entendre sincèrement les voix trans. Exiger à ce que Levine s’en saisisse revient, je crois, à la placer dans une situation injuste, car elle est déjà l’objet d’un examen extrême en tant que femme trans. » La double peine, en somme : subir la pression des attentes tout en subissant les violences qui ont nourri ces attentes. Assurément, Levine est un symbole, mais le symbole ne doit pas être un poids supplémentaire à porter. D’autant que la pédiatre rencontrera, assurément, sur sa route, un obstacle structurel de taille : « Il n’est pas une femme ouvertement trans qui ne subisse de la transmisogynie dans ce monde ! » Non pas, seulement, la somme de la misogynie et de la transphobie, mais le renforcement réciproque de ces deux discriminations. Sitôt nommée, Levine en a d’ailleurs fait les frais : Jeffrey Pyle, un représentant républicain, a récemment dû s’excuser publiquement après la publication d’un mème « transphobe » la concernant…
Expresso : les parcours interactifs
Kant et la raison
Pourquoi continuons-nous à nous prendre la tête sur des concepts abstraits, invérifiables, comme Dieu ou la liberté humaine ? C'est à cause de la manière dont est construite notre raison ! La réponse avec le plus brûlant des philosophes allemands : Emmanuel Kant.
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
5 min
“Transracialisme” : mal dans sa (couleur de) peau ?
Lia Nordmann 26 octobre 2020

Aux États-Unis, après le cas de Rachel Dolezal, c'est désormais celui de Jessica Krug qui fait grand bruit. Ce qui les unit ? Pendant des années,…

“Transracialisme” : mal dans sa (couleur de) peau ?

Article
4 min
Joe Biden fait-il vraiment bouger les lignes ?
Jean-Marie Pottier 16 mars 2021

On le jugeait mou, centriste, éteint. Mais avec son plan de 1 900 milliards de dollars pour relancer une économie sinistrée par le Covid-19,…

Joe Biden fait-il vraiment bouger les lignes ?

Article
5 min
Joe Biden, l’heure du premier bilan
Jean-Marie Pottier 04 novembre 2021

Le 7 novembre, cela fera un an que Joe Biden est officiellement président des États-Unis. Quel premier bilan peut-on dresser de son mandat, à…

Joe Biden, l’heure du premier bilan

Article
12 min
Trans contre féministes radicales : la nouvelle fracture
Octave Larmagnac-Matheron 09 juillet 2020

« L’affaire Rowling », qui a débuté lorsque l’autrice de “Harry Potter” s’est irritée de ne pouvoir appeler « femme » une personne qui a ses règles, au nom de l’existence des personnes transgenres, met en lumière un…


Article
10 min
Roger Berkowitz (1/2) : “Pour neutraliser Trump, il aurait fallu jouer la carte du pardon”
Martin Legros 17 janvier 2024

Alors qu’il est poursuivi devant plusieurs tribunaux pour des crimes graves, Donald Trump vient de remporter la primaire républicaine de l’État de…

Roger Berkowitz (2/2) : “C’est sur le plan politique qu’il faut battre Trump, pas sur le plan légal”

Article
4 min
Taïwan : l’ambiguïté peut-elle vraiment être une stratégie ?
Batiste Morisson 03 octobre 2022

Alors que le président américain, Joe Biden, a semblé remettre en question la stratégie dite « de l’ambiguité » adoptée depuis plusieurs…

Taïwan : l’ambiguïté peut-elle vraiment être une stratégie ?

Le fil
5 min
Les femmes transgenres ont-elles leur place chez le gynécologue ?
Octave Larmagnac-Matheron 25 septembre 2023

« Je suis gynécologue et je m’occupe de vraies femmes. Je n’ai aucune compétence pour m’occuper des hommes, même s’ils se sont rasé la barbe et viennent…

Les femmes transgenres ont-elles leur place chez le gynécologue ?

Article
2 min
Donald Trump inspiré par saint Thomas d’Aquin
Martin Legros 26 juin 2019

“Une fermeture permanente de la voie de la diplomatie”, c’est ainsi que l’Iran a réagi par la voix du porte-parole des Affaires étrangères aux…

Donald Trump inspiré par saint Thomas d’Aquin

À Lire aussi
Un virus, trois stratégies
Un virus, trois stratégies
Par Alexandre Lacroix
septembre 2021
Droits des femmes: reconnaître une dualité anthropologique?
Droits des femmes: reconnaître une dualité anthropologique?
mars 2016
Sobriété : impératif politique ou nouvel idéal ?
Thomas d’Aquin, la sobriété et nous
Par Michel Eltchaninoff
juillet 2022
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Rachel Levine, première femme trans au gouvernement
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse