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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Amande. © Franck Ferville pour PM

Dossier / “La question woke”

Prises de conscience

Jeanne Burgart Goutal, propos recueillis par Victorine de Oliveira publié le 01 décembre 2022 14 min

Confrontés à des structures de domination écrasantes ou à un monde en mutation, nos cinq témoins ont vécu un choc existentiel. Ils expliquent ici comment ils se (re)construisent en dehors des normes. Des parcours éclairés par la philosophe Jeanne Burgart Goutal.

 

 

Être « woke », est-ce vraiment l’étendard séparatiste destiné à revendiquer une identité particulière que les adversaires du terme dénoncent ? Comme le montrent les cinq témoins que nous avons rencontrés, la prise de conscience suit la plupart du temps un choc existentiel : ils se croyaient sujets à part entière, mais les structures de domination de leur environnement se sont chargées de leur rappeler qu’ils étaient avant tout noir, femme ou juif, soit déviants par rapport à la norme supposée universelle de l’homme blanc. Une fois acculé, que faire ? Chacun décrit des émotions et des parcours différents, de la colère à la résignation, de la tentative de compréhension au militantisme plus actif, voire au renoncement. Le cheminement vers une potentielle reconstruction est parfois long, pavé de contradictions.

Pour éclairer ces différents « éveils », nous avons sollicité Jeanne Burgart Goutal, philosophe spécialiste de l’écoféminisme. Dans les première pages de son essai Être écoféministe. Théorie et pratique (L’Échappée, 2020), elle décrit sa découverte de la « nébuleuse » écoféministe comme « un joyeux bordel » : l’écoféminisme, qui fait le lien entre la structure patriarcale et l’exploitation mortifère des ressources naturelles au cœur du capitalisme, est une mouvance intellectuelle encore en construction, qui, comme tout chantier, s’accompagne aussi bien d’enthousiasme que de casse. Ses représentantes ont des parcours aussi variés que la philosophe Françoise d’Eaubonne ou la militante indienne pour une agriculture moins brutale Vandana Shiva. Jeanne Burgart Goutal s’étonne du bouillonnement écoféministe, qu’elle a rencontré partout dans le monde au cours de ses recherches : « À ma grande surprise, cette pluralité, cette fragmentation, ces contradictions même, étaient tout le temps décrites comme un atout et revendiquées comme un gage d’inclusivité, de tolérance, de résistance à la tentation totalitaire qui sclérose de nombreux mouvements politiques. » Nos cinq témoins sont peut-être la preuve que le bazar tantôt joyeux, tantôt violent qui entoure le « woke », le chemin vers l’éveil, est la condition essentielle d’une place plus équitable accordée à tous.


“Le pronom ‘il’ m’est devenu plus naturel”

Amandine / 39 ans, éducatrice

© Franck Ferville pour PM

© Franck Ferville pour PM

« Ça a commencé il y a un an, alors qu’il entrait en 5e : son style vestimentaire a changé, il s’est fait de nouveaux amis et s’est affirmé non binaire. Il a ensuite demandé que nous n’employions plus le pronom “elle” mais plutôt “iel”. Lors de cette première étape, nous discutions très librement. Mon compagnon – qui n’est pas le père de mon enfant – ainsi que sa fille de 15 ans se sont adaptées assez facilement. Nous avons fait des recherches pour employer le vocabulaire adéquat et accorder les mots correctement. Quelques mois plus tard, c’est par une lettre qu’il nous a annoncé qu’il souhaitait être désormais appelé Charly et non plus Coquelicot. Là, je dois admettre que j’ai eu plus de mal. J’ai essayé de négocier sur ce choix de prénom, en arguant que Coquelicot, bien qu’étant un nom de fleur, était masculin – j’étais vraiment attachée à ce prénom ! L’adolescence pointant le bout de son nez, des conflits ont éclaté. Sa colère était palpable, alors nous avons fini par en discuter : en refusant de le genrer au masculin, je ne faisais, selon lui, pas d’efforts et ne respectais pas son choix. Il m’a expliqué qu’au collège, tout le monde – ses camarades comme ses professeurs – avait pris le pli de l’appeler Charly. J’ai subitement pris conscience qu’il avait fait son propre chemin pour mettre sa vie en ordre et que j’étais complètement à côté de la plaque. Je me suis également rendu compte que j’avais peur : d’une prise d’hormones plus tard, d’éventuelles discriminations qu’il subirait… Mais cette discussion m’a aussi rassurée. Le présent était ce qu’il était, je ne pouvais rien y changer et je n’avais pas de prise sur le futur, qui reste imprévisible. Dès que j’ai lâché prise avec ma peur de l’après, tout est devenu plus léger. Le pronom “il” m’est devenu plus naturel, et je ne pense quasiment plus à sa “période fille”, qui me paraît très lointaine. Je dois toutefois reconnaître qu’il m’arrive encore de recourir à des stratégies d’évitement : je l’appelle plutôt “Chacha” que Charly et je parle plus volontiers de “mon enfant” que de “mon fils”. »

Le commentaire de Jeanne Burgart Goutal / “Amandine fait l’effort de ne pas légitimer moralement ou idéologiquement ses émotions”

Expresso : les parcours interactifs
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Article issu du dossier "La question woke" décembre 2022 Voir le dossier
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