“Pilules roses” : une enquête philosophique en terres pharmaceutiques
Le rapport entre la philosophie et le Spasfon semble a priori lointain. Dans une grande enquête consacrée à cette petite pilule rose « antispasmodique », la philosophe Juliette Ferry-Danini montre que ce médicament est pourtant au cœur d’enjeux éthiques et philosophiques très concrets.
Pourquoi s’intéresser au Spasfon quand on est philosophe ?, peut-on se demander avant d’ouvrir le livre de Juliette Ferry-Danini, philosophe de la médecine. Tout part, raconte-t-elle, d’une expérience personnelle, vécue par de nombreuses femmes : la pose du stérilet et le Spasfon « préventif », souvent prescrit par les gynécologues pour anticiper la douleur de la pose. L’autrice, déjà dubitative sur l’efficacité du médicament, s’indigne : « Qu’allait faire un Spasfon contre des douleurs qui m’ont littéralement clouée pendant plusieurs heures sur le banc d’un arrêt de bus, incapable de me lever pour rentrer chez moi ? » De fil en aiguille, elle constate que ce sentiment rencontre un écho chez de nombreuses femmes.
En prenant comme point de départ une expérience partagée par d’autres femmes, Ferry-Danini se rattache à « l’épistémologie du positionnement », aussi appelée « épistémologie du point de vue ». Ce courant de philosophie féministe consiste à prendre en compte la situation de la personne qui produit un savoir : le genre et la situation médicale, par exemple. La « vraie vie » – en l’occurrence, le quotidien des femmes qui souffrent de crampes menstruelles – permet ainsi d’informer et de nourrir une pratique philosophique au sens large, faisant intervenir à la fois l’histoire de la médecine mais aussi l’éthique et l’histoire des sciences. La petite pilule rose devient alors le point de départ d’une enquête approfondie et multifacettes, qui pose une lumière crue sur les mécanismes souterrains et les biais sexistes de l’industrie pharmaceutique et du monde médical.
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