Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Cette carte des températures mondiales en juillet 2023 montre les écarts de chaleur sur l’ensemble du globe par rapport à la normale saisonnière entre 1951 et 1980. En rouge, les zones qui présentaient une température plus haute que la moyenne pour un mois de juillet. En bleu, les températures inférieures. © NASA’s Goddard Institute for Space Studies

Écologie

Peut-on parler d’“effondrement climatique” ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 07 septembre 2023 3 min

« L’effondrement climatique a commencé », a affirmé le secrétaire général de l’ONU António Guterres, jeudi, commentant le fait que l’été 2023 serait sans doute le plus chaud jamais enregistré. Que recouvre cette notion ? Éclairage.


 

De quoi parle-t-on lorsqu’on parle d’« effondrement climatique » ? Difficile d’y voir clair dans cette notion aussi alarmante que vague, souvent mobilisée, rarement définie, qui circule depuis quelques années, en particulier dans les milieux collapsologues. L’idée globale est que les écosystèmes, trop fragilisés par le réchauffement climatique et ses conséquences funestes, ne puissent plus du tout retrouver leur aspect courant – qu’ils ne soient pas assez « résilients », lit-on parfois aussi – et donc que le retour à une situation stable soit définitivement impossible.

Encaisser des chocs

Pour saisir ce qui est en jeu dans cette expression, on peut mobiliser la théorie générale des systèmes. Le climat représente, d’une certaine manière, un système : un ensemble d’éléments et de paramètres interconnectés les uns aux autres selon un ensemble de relations relativement permanents dans le temps. La variation même importante d’un de ces facteurs, par exemple une concentration accrue de CO2, peut influencer les autres.

Pas toujours de manière dramatique, heureusement : tout choc ne provoque pas nécessairement l’« effondrement » d’un système. Les systèmes manifestent des propriétés permettant d’encaisser les heurts, de les absorber. Il arrive même que ces coups modérés aient des vertus. Ainsi, l’augmentation de la concentration en CO2 tend à augmenter l’intensité de la photosynthèse végétale, donc de l’absorption du dioxyde de carbone. On parle de « rétroaction négative », phénomène qui réduit l’effet initial et qui permet le maintien de l’équilibre.

Seuils à ne pas dépasser

Mais la crise climatique ne produit pas que des rétroactions négative, loin s’en faut. Les rétroactions positives du système peuvent créer un effet inverse et déstabiliser durablement les écosystèmes. Ainsi, la fonte des glaces sous l’effet de la hausse des températures diminue le pouvoir réfléchissant (l’albédo) de la surface terrestre, ce qui accroît encore, en un cercle vicieux, le réchauffement. De même, lorsque la température des océans augmente, leur capacité d’absorption du CO2 diminue, ce qui accentue l’effet de serre et, en retour, augmente encore la température des eaux océaniques.

Au-delà d’un certain seuil, le système risque l’emballement, l’effondrement, la plongée dans l’informe. Pour le dire autrement, il menace d’être entraîné dans un processus de transformation de plus en plus rapide qui ne débouche jamais sur un nouvel équilibre. Pas, du moins, dans un temps suffisamment court du point de vue des vivants. Car c’est bien tout l’enjeu : la capacité de résilience et d’adaptation de la vie. Or, si la vie peut, dans certaines conditions (lenteur des changements, en particulier), s’adapter à un nouveau milieu – on le voit par exemple dans les phénomènes d’acclimatation –, il lui est beaucoup plus difficile de prospérer dans des conditions sans cesse changeantes.

Du risque à l’incertitude

C’est en particulier un problème pour la vie humaine, très dépendante de la possibilité de prévoir. L’anticipation réclame la stabilité d’un équilibre. Mais comment anticiper si désormais tout équilibre vacille ? Si nous passons, pour le dire dans les termes de l’économiste américain fondateur de la première École de Chicago Frank Knight (Risk, Uncertainty and Profit, 1921), d’un monde fait de « risques » pondérables par rapport à certaines régularités à un monde d’« incertitude » beaucoup radicale, où les catastrophes surviennent de manière imprévisible. C’est bien ce qu’exprime António Guterres en utilisant la formule d’« effondrement climatique » : « Notre climat implose plus vite que nous ne pouvons y faire face, avec des phénomènes météorologiques extrêmes qui frappent tous les coins de la planète. »

Les sociétés humaines, on peut du moins le supputer, auraient bien du mal à s’adapter à un effondrement du système climatique. Les deux effondrements, l’un environnemental et l’autre civilisationnel, sont en effet intimement liés. Il est assurément trop tard pour empêcher la dérive rapide de l’équilibre climatique – qui fera, à n’en pas douter, bien des victimes étant donné sa vitesse –, mais il est peut-être encore temps d’endiguer un emballement incontrôlable dissolvant, dans des délais commensurables à ceux des existences vivantes, l’horizon d’une stabilité retrouvée.

Difficile, sinon impossible, de dire exactement à partir de quand le seuil sera franchi. Les facteurs en jeu sont extrêmement nombreux, et leurs effets sont interdépendants. La liste fameuse des neuf « limites planétaire », dont cinq sont désormais franchies, est tout au plus un indicateur. Dire « l’effondrement climatique a commencé » peut donc paraitre hâtif. Il s’agit pourtant d’une possibilité réelle : possibilité que, étant donné le caractère imprévisible de l’effondrement, nous ne puissions qu’en prendre conscience après coup, trop tard.

Comment fonctionne l’“effondrement climatique” ?
Expresso : les parcours interactifs
Comment apprivoiser un texte philosophique ?
Un texte philosophique ne s’analyse pas comme un document d’histoire-géo ou un texte littéraire. Découvrez une méthode imparable pour éviter le hors-sujet en commentaire ! 
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
12 min
L'esthétique environnementale face au changement climatique
Alexandre Lacroix

La déplétion des écosystèmes terrestres et le réchauffement climatique secouent l’esthétique environnementale, une discipline méconnue qui a pris son essor il y a quelques décennies. Et posent une question de fond : notre…


Bac philo
2 min
Le vivant
Nicolas Tenaillon 01 août 2012

Le vivant n’est pas la matière, qui peut être inanimée ou mécanisée (le vivant se distingue alors de l’inerte ou de l’artificiel), ni l’existence qui suppose la conscience : le vivant n’est pas le vécu. Le vivant, c’est l’ensemble des…


Article
3 min
La catastrophe climatique à feu doux
Ollivier Pourriol

Oscar du meilleur film documentaire en 2006, Une vérité qui dérange, film états-unien réalisé par Davis Guggenheim en 2006, repose sur la prestation d’Al Gore, ancien vice-président des États-Unis (1993-2001), dans sa croisade…


Article
14 min
Avons-nous jamais été maître de la nature ?
Alexandre Lacroix 01 octobre 2012

Changement climatique, extinction des espèces, érosion des sols, pollution… C’est parce que l’Occident a rêvé l’homme en “ maître et possesseur” de la nature, qu’on en est arrivé à la crise actuelle. Nous n’en sortirons qu’en révisant…


Article
1 min
“J'agis pour le climat” (Marabout)
15 septembre 2020

À l’occasion de la sortie de notre hors-série Philosophie du réchauffement climatique, tentez de gagner le livre J’agis pour le…

“J'agis pour le climat” (Marabout)

Article
4 min
Les alternatives face au réchauffement climatique
Octave Larmagnac-Matheron

Pour imaginer des alternatives au réchauffement climatique, les esprits bouillonnent. Panorama des pistes envisagées, de l’écocapitalisme à la décroissance et l’écoféminisme.


Article
6 min
Jan-Werner Müller : “L’incertitude est un avantage crucial de la démocratie par rapport à l’autoritarisme”
Frédéric Manzini 16 février 2022

Alors que la campagne présidentielle bat son plein en France, nous avons interrogé Jan-Werner Müller, professeur de philosophie politique à…

Jan-Werner Müller : “L’incertitude est un avantage crucial de la démocratie par rapport à l’autoritarisme”

Article
3 min
Le poids des mots
Isabelle Sorente 02 juillet 2019

Face à la catastrophe environnementale à venir, quel langage employer ? Au Royaume-Uni, la rédaction du quotidien The Guardian a tranché : fini de…

Le poids des mots

À Lire aussi
Donner la vie dans un monde en péril 
Donner la vie dans un monde en péril 
Par Clara Degiovanni
juin 2021
La nature
Par Nicolas Tenaillon
mai 2022
George Marshall: “On situe le changement climatique dans le futur pour ne pas y penser”
George Marshall: “On situe le changement climatique dans le futur pour ne pas y penser”
Par Jack Fereday
juillet 2015
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Peut-on parler d’“effondrement climatique” ?
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse