Patrick Mills : “‘Cyberpunk 2077’ soulève des questions philosophiques par le jeu”
Il était attendu depuis de nombreuses années. Cyberpunk 2077 sort aujourd’hui et s’annonce comme l’un des jeux vidéo les plus ambitieux de l’histoire. Une ambition également philosophique que détaille pour nous Patrick K. Mills, “senior quest designer” du projet mené par le studio CD Projekt RED. Dystopie, transhumanisme, fin de l’histoire, dimension subversive du divertissement… Qui a dit que le jeu vidéo manquait d’esprit ?
Vous avez travaillé en tant que senior quest designer [l’un des principaux concepteurs de l’intrigue] sur le jeu Cyberpunk 2077, considéré comme l’un des jeux les plus ambitieux et les plus attendus de ces dernières années. Comment le résumeriez-vous à quelqu’un qui n’en a jamais entendu parler ?
Patrick K. Mills : Cyberpunk 2077 raconte l’histoire d’un ou d’une mercenaire dans un futur dystopique, qui se retrouve avec une puce électronique greffée dans la tête. Cette puce contient la copie de la conscience d’un célèbre rocker, Johnny Silverhand, qui prend progressivement le contrôle de son esprit. Les joueurs peuvent choisir le genre de leur personnage. Celui-ci, avec l’aide de Silverhand, doit trouver son chemin dans les rues sordides de Night City, et protéger une sorte de disque dur contenant le code de l’immortalité afin qu’il ne tombe pas entre de mauvaises mains.
Bien des sujets abordés dans ce jeux sont éminemment philosophiques : l’immortalité, le transfert de conscience, le transhumanisme… Y a-t-il des auteurs dont la lecture vous a aidé à créer ce monde et les différents niveaux du jeu ?
J’ai une licence de philosophie, j’ai donc lu beaucoup de textes philosophiques quand j’étais plus jeune. J’aimais beaucoup Hegel, même si je ne l’ai jamais vraiment compris. Lorsqu’on a créé ce jeu, on s’est surtout demandé à quel point on voulait creuser la question du transhumanisme. En fin de compte, on a décidé de ne pas aborder ses implications philosophiques.
“Nous voulions montrer la philosophie, comme dirait Wittgenstein, et non vous dire de réfléchir au problème du corps et de l’esprit”
N’est-ce pas une occasion manquée ?
Nous espérons que non. Nous ne voulions pas que notre protagoniste se demande sans cesse : “Johnny Silverhand est-il vraiment dans ma tête ? Est-ce une simulation ? Suis-je donc moi-même une simulation ?” Le personnage vit simplement dans un monde où tout cela est possible. Nous avons fait ce choix, car il nous permet de raconter l’histoire du point de vue du personnage. Un personnage qui est, comme je l’ai dit, un mercenaire – et non un philosophe. Nous voulions montrer la philosophie, comme dirait Wittgenstein, et non vous dire de réfléchir au problème du corps et de l’esprit, et vous ennuyer avec des monologues pseudo-philosophiques.
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