Notre dégoût des rats est-il justifié ?
En partie justifié, l’apriori négatif que nous avons sur les rats cache le rôle par ailleurs très utile de ces rongeurs dans l’écosystème des villes.
Les rats ont depuis longtemps mauvaise réputation. Au Rattus rattus, le rat noir, et plus exactement à une puce qu’il porte, est imputée la propagation de la peste noire en Europe. Les rats sont d’ailleurs récurrents dans La Peste (1947) de Camus, où leur « invasion » accompagne la prolifération de l’épidémie : « Ils ont mis dans la circulation des dizaines de milliers de puces qui transmettront l’infection suivant une proportion géométrique, si on ne l’arrête pas à temps. […] Partout où nos concitoyens se rassemblaient, les rats attendaient en tas, dans les poubelles, ou en longues files, dans les ruisseaux. »
Les rats meurent eux aussi de la maladie – mais ils semblent se reproduire plus vite encore qu’ils ne trépassent. À intervalle réguliers, les habitants font le décompte des cadavres de rongeurs découverts dans les rues ou tués par les services de dératisation. Bientôt, celui-ci se perd : « On n’avait pas le moyen de compter les rats. On faisait son calcul approximativement, en gros, avec des chances évidentes d’erreur. Pourtant, si un rat a trente centimètres de long, quarante mille rats mis bout à bout feraient… »
Un “surmulot” chez Buffon
C’est cependant une autre espèce que le Rattus pestiféré qui peuple, aujourd’hui, nos égouts : Rattus norvegicus. En 1760, Buffon écrit dans son Histoire naturelle : « Nous donnons le nom de surmulot à une nouvelle espèce de mulot [...] Le surmulot est plus fort et plus méchant que le rat. » Il finira d’ailleurs par chasser le Rattus rattus des villes, contribuant ainsi à la disparition de la peste bubonique.
L’élue écologiste Douchka Markovic, cible de moqueries après avoir utilisé ce terme, a donc en partie raison, du strict point de vue de l’espèce, lorsqu’elle parle de surmulot. Pas certain, cependant, que le changement de nom apporte davantage de considération pour l’espèce. Même absout des crimes épidémiques de son cousin, le surmulot – d’ailleurs aussi nommé rat gris, ou rat brun – continue de susciter une profonde répulsion.
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