Konrad Lorenz, le père de l’éthologie

Denis Grozdanovitch publié le 3 min

Biologiste rendu célèbre par ses oies cendrées, Konrad Lorenz n’a cessé d’éclairer le comportement humain à la lumière d’exemples empruntés au monde animal. Et d’observer jusque dans ses propres actes l’importance du rituel.

Lorsqu’il se rendait à ses cours de l’Institut Max-Planck, à Munich, Konrad Lorenz arrivait régulièrement avec quelques minutes de retard. Il avait pris l’habitude, marchant à pied depuis son domicile, d’emprunter un certain trajet, assez tortueux, passant par des lieux consacrés. Un jour, ses étudiants lui ont suggéré un trajet plus direct et plus rationnel, qu’il a adopté jusqu’à ce que ceux-ci, prenant conscience que le maître devenait de plus en plus maussade et irritable, le persuadent de revenir à son chemin antérieur. Sur quoi il recouvra sa bonne humeur.

L’un des passages les plus frappants de son livre L’Agression porte justement sur la description des fonctions rituelles… chez les animaux. Une colonie d’animaux dont le gîte se situe en un lieu précis et qui a pris l’habitude de rejoindre un point d’eau vital en empruntant un certain trajet – parfois très long et sinueux alors que cette source se trouve presque contiguë à ce gîte – ne modifiera ce trajet ritualisé qu’au cas où l’un d’entre eux, glissant accidentellement le long d’une traînée boueuse, par exemple, et réalisant la proximité du lieu, ouvre ce chemin plus direct. Contrariée dans son rituel, la colonie connaît alors une sorte de malaise existentiel et il n’est pas rare qu’elle abandonne cette commodité pour retourner à ses habitudes.

Expresso : les parcours interactifs
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