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Capture d’image faite à partir de la vidéo en ligne «Neuralink livestream show».

Analyse

Neuralink : l’avènement des cyborgs ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 04 septembre 2020 4 min

La Terre sera-t-elle bientôt aux mains des cyborgs ? La démonstration publique du dispositif d’interface cerveau-machine que le milliardaire transhumaniste Elon Musk vient de faire avec sa startup Neuralink, pourrait bien nous inciter à répondre « oui ». Au coeur du show retransmis sur YouTube, trois truies. L’une d’elle, Joyce, sert de référent. La seconde, Gertrude, bénéficie d’un prototype d’implant inséré dans son cerveau, qui transmet à un ordinateur un ensemble de signaux. La dernière, Dorothy, a été implantée puis explantée, afin de montrer combien l’opération est bénigne et réversible. Certes, en dehors de l’effort remarquable de miniaturisation de la puce connectée (qui fait la taille d’une pièce de monnaie), « la démonstration n’a pour l’instant rien de réellement spectaculaire », analyse le journaliste Marcus Dupont-Besnard. Cependant, l’initiative confirme le projet philosophico-technique de long terme que s’est donné le patron de Tesla et SpaceX : créer des cyborgs pour nous protéger de la menace de l’intelligence artificielle (IA). Une manière de renverser les rapports de force : non plus la domination prophétisée de la machine sur l’homme, mais celle de « l’homme augmenté » sur la machine. 

 

 

  • Depuis des années, Elon Musk martèle sa méfiance à l’égard de l’IA. En 2014, il affirmait ainsi qu’« avec l’intelligence artificielle, nous invoquons un démon ». Et de qualifier l’IA de « plus grande menace existentielle » à laquelle notre époque soit confrontée. Nous donnons naissance à des entités artificielles de plus en plus puissantes, qui surpassent déjà de loin nos capacités humaines de calcul. Mais surtout, nos existences sont de plus en plus dépendantes de ces IA dont nous sommes à peine capable de comprendre le fonctionnement, et dont n’avons souvent même pas conscience qu’elles existent et agissent. « Nous ne faisons pas face à l'intelligence artificielle comme les utilisateurs font face à une perceuse ou à un logiciel de traitement de texte », souligne le chercheur Mario Donick. L’IA nous manipule bien plus que nous la manipulons.
  • Seule solution, selon Musk : nous armer pour combattre la menace. C’est-à-dire : améliorer nos cerveaux, en opérant une « course à l’interface ». L’idée directrice ? Pour Elon Musk, entre l’IA et nous, tout est une question de rapidité d’interface : il faut que nous puissions communiquer et interagir avec l’IA bien plus efficacement que nous ne le faisons avec nos machines actuelles. Selon lui, si nous n’augmentons pas de plusieurs ordres de grandeur nos capacités de communication avec l’IA (par une interface adaptée donc, qui cherche à nous libérer de nos limites physiques en nous sortant de la - relative - lenteur du geste manuel consistant pour l’heure à tapoter sur un clavier ou un écran), cette dernière risque de suivre sa propre route et de nous laisser sur le bas-côté. Et Musk de proposer, à terme, une interface cerveau-machine qui permette de guider l’intelligence artificielle en créant avec elle une véritable « symbiose »... dont après plusieurs années de développement, l’implant connecté sur la truie est aujourd’hui censé constituer l’une des premières étapes.
  • L’approche de Musk s’appuie, implicitement, sur la théorie de « l’esprit étendu » développée par les philosophes Andy Clark et David J. Chalmers dans The Extended Mind (1998). Pour les deux auteurs, nous devons rompre avec l’idée que l’esprit est localisé dans le cerveau : notre esprit englobe non seulement le cerveau, mais aussi le corps, et même une partie non négligeable de notre environnement matériel, en particulier l’ensemble des outils dont nous nous servons. Le cerveau lui-même n’est qu’une sorte d’outil, de support. La matière cérébrale n’a rien d’absolument spécifique. Musk reprend d’ailleurs souvent l’image de la « dentelle neurale » pour souligner l’analogie entre les tissus cérébraux et les micro-câbles électroniques, qu’il considère comme quasiment interchangeables. De ce point de vue, un implant neural qui améliorerait les performances mentales est loin d’être inimaginable. Il pourrait donner naissance à un « homme augmenté » plus performant, encore, que la machine.
  • Ces fantasmes techniciens paraissent encore lointains. Sont-ils réalistes ? Au-delà du défi technologique lié à l’extrême complexité du tissu cognitif cérébral, rien n’est moins sûr, selon la philosophe et psychologue Susan Schneider, auteur de Artificial You: AI and the Future of Your Mind (2019). Tout dépend d’un mystère qui interroge la philosophie depuis des siècles : le rapport entre la matière et l’esprit. « Le risque lors d’une fusion générale de l’IA avec notre cerveau, dans le sens plus radical qu’Elon Musk l’envisage, est que le cerveau humain soit diminué, voire détruit », et avec lui l’esprit. Si le cerveau n’est pas un simple assemblage de pièces, si la matière cérébrale possède quelque chose de plus que la matière électronique – un « plus » qui pourrait en outre se révéler des plus fragile –, il se pourrait bien que la volonté de remplacer, de manière croissante, des neurones par des puces et des implants conduise à un véritable « suicide ».
  • Quelle solution, alors, pour faire face aux dangers potentiels de l’IA ? Comprendre ! affirme l’essayiste américain Douglas Rushkoff dans Program or Be Programmed: Ten Commands for a Digital Age (OR Books, 2010). À ses yeux, l’IA nourrit des peurs et des fantasmes parce que la majorité des gens ne comprennent absolument pas ce qu’elle est, ce qu’elle peut et ne peut pas faire. Afin de nous préparer au développement des intelligences artificielles, nous avons surtout besoin, pour Rushkoff, d’une « alphabétisation du code ».
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