“Mycoarchitecture” : vivrons-nous un jour dans des champignons ?

Les champignons sont-ils le matériau de construction de l’avenir ? Peut-être, répond une équipe du Farrell Centre de Newcastle, qui expérimente la croissance de structures fongiques. Retour sur le développement, récent, de la mycoarchitecture.

Pour son exposition inaugurale, le Farrell Centre de Newcastle, un centre d’études architecturales co-financé, a choisi de marquer les esprits : est présenté un project d’architecture… à base de champignons ! L’idée paraît déconcertante, tant les champignons et autres moisissures peuvent représenter une menace pour les édifices tels que nous les construisons aujourd’hui. Mais elle n’est pas complètement étrangère à nos imaginaires : pensez aux maisons des Schtroumpfs ou, pour les connaisseurs, aux tours fongiques des Elfes noirs de la maison Telvanni, dans le jeu vidéo Morrowind (Bethesda, 2002).

En l’occurrence, il ne s’agit pourtant pas de creuser la partie émergée des champignons (les organes reproducteurs, dont la structure est précisément déterminée) pour s’en faire un logis, mais de faire croître puis sécher le mycélium, la partie souterraine, fibreuse et indifférenciée, beaucoup plus vaste, sur des supports de laine afin de produire des structures architecturales. Owen Hopkins, directeur du centre, commente : « L’un des avantages de ce matériau est qu’il est essentiellement auto-cicatrisant. Si une fissure se développe ou si un renforcement structurel est nécessaire, il peut être cultivé sur place. Il offre donc des possibilités vraiment fascinantes, mais déstabilise aussi complètement la notion d’architecture comme quelque chose de fini et de fixe. » En dépit de sa bizarrerie apparente, le biomatériau fongique est, pour Hopkins, amenée à se généraliser : « Je ne pense qu’il ne faudra pas attendre longtemps avant qu’il ne devienne un matériau considéré comme viable dans des formes plus conventionnelles de construction. »