Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

L'Atelier d'Abel de Pujol, peint par Adrienne Marie Louise Grandpierre-Deverzy (1822, huile sur toile, 96 x 129 cm), exposé à Paris au musée Marmottan-Monet © Marmottan Monet, Paris, France/Bridgeman Images

Exposition

Musée du Luxembourg : la peinture au féminin en pleines Lumières

Cédric Enjalbert publié le 04 juillet 2021 3 min

Nous ne connaissons que quelques noms, parmi lesquels celui d’Élisabeth Vigée Le Brun est assurément le plus connu. Pourtant, si les femmes peintres paraissent si rares dans l’histoire de l’art, ce n’est pas qu’elles n’ont pas œuvré, plutôt que le discours officiel les en a écartées. Voici la thèse de l’exposition Peintres femmes, 1780-1830 programmée au musée du Luxembourg, à Paris, qui s’intéresse à la « naissance d’un combat » féministe en peinture au mitan des XVIIIe et XIXe siècles et présente une galerie d’œuvres d’une trentaine d’artistes pour la plupart méconnues, jusqu’au 25 juillet.

« Pour un jour ne plus avoir à préciser “peintres femmes” et encore moins “femmes peintres” – c’est-à-dire femmes avant que d’être peintres –, il importe avant tout de se doter d’une autre manière d’écrire et de mettre en scène l’histoire », affirme Martine Lacas, la commissaire de l’exposition. Dont acte.

[CTA]

Suivez le guide

  • Les mœurs sociales et politiques se libéralisent à la fin du XVIIIe siècle, notamment dans le domaine esthétique. Le statut d’artiste libre naît en 1777, qui l’émancipe des contraintes de la corporation et de l’Académie royale. Un Salon libre se constitue en 1791, et des ateliers féminins se forment. Puis, comme l’explique la commissaire de l’exposition Peintres femmes présentée au musée du Luxembourg, Martine Lacas, « d’autres voix, de femmes et d’hommes […], à la faveur de la rupture révolutionnaire, invoquent non plus la nature, l’essence, l’être mais le droit, le rôle social, le sujet politique. C’est un changement radical, qui n’adoucit pas forcément le sort des femmes, mais à partir duquel peut naître un combat ». 
  • Contrairement à l’idée reçue, les femmes sont assez bien acceptées en peinture à la fin du XVIIIe siècle. Entre la Révolution et le milieu des années 1820, le nombre d’exposantes au Salon officiel passe par exemple d’une trentaine à deux cents. À côté d’Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842), fameuse pour être entrée à l’Académie, des œuvres de trente-cinq noms méconnus sont ainsi exposées, montrant l’ampleur d’une activité qui rapidement se professionnalise. L’interdiction de pratiquer le nu pour les femmes ou les obligations matrimoniales et domestiques – des arguments généralement avancés pour justifier rétrospectivement leur anonymat – peinent donc à convaincre. Le problème est ailleurs.

Hortense Haudebourt-Lescot. Autoportrait, 1800, huile sur toile. Paris, Musée du Louvre, Département des Peintures. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau
Autoportrait, par Hortense Haudebourt-Lescot (1800, huile sur toile. Paris, Musée du Louvre, Département des Peintures). © RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Mathieu Rabeau

  • D’abord, le combat féministe porte plutôt sur les pratiques. Les femmes demeurent longtemps exclues de la peinture d’histoire, du style dit « grand », réservé aux hommes  et survalorisé au détriment des scènes de genre. Elles investissent donc principalement l’art du portrait, « qualifié, explique Martine Lacas, de genre mineur parce que sa condition nécessaire et minimale n’aurait été qu’une aptitude “mécanique” à imiter “servilement” la ressemblance – ce dont les femmes étaient capables ». Le portrait donc… et l’autoportrait, dont elles se servent pour asseoir la représentation de la femme artiste ! Hortense Haudebourt-Lescot (1784-1845), par exemple, se figure ainsi à la manière d’un Raphaël, avec une sévérité qui rompt avec les usages charmants et pittoresques. Or, à mesure qu’évoluent les mentalités et les usages, que le domaine de l’intime se constitue, l’art du portrait lui-même gagne en crédibilité. Les femmes bénéficient finalement de « la transformation d’images de l’affectivité privée et familiale en objets d’art offerts au regard public », d’un art du portrait de plus en plus recherché, qu’elles ont contribué à faire évoluer. 
  • Le parcours de l’exposition conduit ainsi à réévaluer l’histoire de l’art mais aussi la démarche historique elle-même, en s’intéressant à ce que le philosophe Michel Foucault appelait les vies « infâmes », celles qui n’ont pas vraiment connu la postérité. Les voici sorties de l’oubli grâce à cet accrochage, quitte à produire parfois un effet de catalogue manquant d’une ligne claire. Si « l’on [a] beaucoup de peine à dénier cette masculinisation du monde de l’art,  reconnaît la commissaire de l’exposition, il importe de la mettre en regard de ce qui échappe le plus souvent à la construction du récit historique et du discours sur l’art […]. Et quitte à y perdre un peu en clarté et en esprit de synthèse, pourquoi ne pas endosser l’humble habit du chroniqueur, tissé de patience ? »

Peintres femmes 1780-1830. Naissance d’un combat / Musée du Luxembourg (19, rue de Vaugirard, Paris VIe) / Jusqu’au 25 juillet 2021 / Informations et réservations sur le site du musée du Luxembourg

Expresso : les parcours interactifs
Jusqu’où faut-il « s’aimer soi-même » ?
S'aimer soi-même est-ce être narcissique ? Bien sûr que non répondrait Rousseau. L'amour de soi est un formidable instinct de conservation. En revanche, l'amour propre est beaucoup plus pernicieux...Découvrez les détails de cette distinction décisive entre deux manières de se rapporter à soi-même.
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
5 min
Krzysztof Pomian : “Les musées orientent le regard de la société vers l’avenir”
Cédric Enjalbert 19 juin 2021

Ouverture de la Collection Pinault, réouverture du Musée Carnavalet, projet de création d’un musée-mémorial du terrorisme : le paysage muséal…

Krzysztof Pomian : “Les musées orientent le regard de la société vers l’avenir”

Article
2 min
“Peintres femmes 1780-1830. Naissance d’un combat”. Cherchez l’infâme
Cédric Enjalbert 03 juin 2021

Rares, les peintres femmes ? C'est ce cliché que dément l'exposition Peintres femmes 1780-1830. Naissance d’un combat, à voir au musée du…

“Peintres femmes 1780-1830. Naissance d’un combat”. Cherchez l’infâme

Article
Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort

Le musée d’Orsay présente un florilège des œuvres du peintre norvégien, pour qui l’humanité et la nature sont unies dans le cycle de la vie, de la…

Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort

Article
5 min
La jouissance féminine : tout sauf un “continent noir” ?
Octave Larmagnac-Matheron 02 avril 2022

Les hommes jouissent en moyenne plus que les femmes : c’est le résultat d’une étude sociologique menée par une équipe de chercheurs canadiens…

La jouissance féminine : tout sauf un “continent noir” ?

Article
5 min
Marc de Launay : “Par la peinture, Rembrandt questionne la nature même de la philosophie”
Hannah Attar 10 mars 2021

Dans son dernier ouvrage Peinture et philosophie (Éditions du Cerf, 2021), le traducteur et auteur Marc de Launay s’interroge sur le…

Marc de Launay : “Par la peinture, Rembrandt questionne la nature même de la philosophie”

Article
3 min
Le musée, un drôle de rapport au temps
Cédric Enjalbert 30 mai 2021

À l’occasion de la réouverture du Musée Carnavalet à Paris, nous nous demandons ce que nous pouvons bien aller chercher dans un musée. Des objets…

Le musée, un drôle de rapport au temps

Article
4 min
“Enfin le cinéma !” au Musée d’Orsay : genèse du spectateur
Cédric Enjalbert 09 octobre 2021

Au musée d’Orsay, l’exposition « Enfin le cinéma ! » s’intéresse aux débuts du 7e art. Où l’on apprend notamment que le spectateur…

“Enfin le cinéma !” au Musée d’Orsay : genèse du spectateur

Article
1 min
À la mort, à la vie, vanités d’hier et d’aujourd’hui
10 janvier 2022

Les vanités, ces œuvres qui nous rappellent la fragilité et la beauté de la vie, seront à l’honneur lors de cette exposition. 150 d’entre elles,…

Irrelohe (Feu follet)

À Lire aussi
Œuvres aux Noirs
Œuvres aux Noirs
Par Cédric Enjalbert
avril 2019
Lumières sur Fra Angelico
Par Yannick Haenel
juillet 2012
Yves Citton : “Les penseurs ‘altermodernes’ aident à décaler notre vision dominante des Lumières”
Yves Citton : “Les penseurs ‘altermodernes’ aident à décaler notre vision dominante des Lumières”
Par Philippe Garnier
mars 2022
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Musée du Luxembourg : la peinture au féminin en pleines Lumières
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse