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Mike Davis le 2 janvier 2017. © Archinect.com via Wikipedia/CC BY-SA 4.0

Hommage

Mike Davis, le penseur des monstres urbains

Octave Larmagnac-Matheron publié le 11 novembre 2022 9 min

Géographe iconique, penseur surprenant et polémique, Mike Davis s’est éteint le 25 octobre. Retour sur les principaux apports de son œuvre, sous forme de visite guidée de monstres urbains comme Dubaï, Los Angeles, Paris et les mégapoles chinoises, en passant par les bidonvilles.


Difficile de résumer l’œuvre inclassable de Mike Davis, penseur atypique très inspiré par Marx, promoteur d’une géographie cherchant à politiser la question de la ville et essayiste singulier. Son travail entraîne le lecteur aux quatre coins du monde. Si l’on veut caractériser son œuvre en quelques mots, on pourrait dire qu’il s’agit d’arpenter la géographie d’un monde reconfiguré par la modernité capitaliste et ses fantasmes d’accumulation, de toute-puissance, de liberté sans entraves, d’artificialisation de l’existence. Cette mutation de l’espace, Davis l’explore des marges au centre du monde façonné par la modernité. Il l’aborde aussi bien des origines du capitalisme que dans sa forme moderne, le néolibéralisme. « L’hégémonie des politiques néolibérales n’a pas grand-chose à voir avec les marchés autorégulateurs, l’offre et la demande, ni même avec “l’économie” en tant que catégorie autonome […]. Le principal rôle du pouvoir d’État, et non de l’économie de marché, trouve son expression la plus radicale dans la privatisation massive des biens communs, la sous-traitance des services publics […], et la dérégulation des marchés » explique-t-il dans l’introduction au livre collectif Paradis infernaux (trad. fr. Les Prairies ordinaires, 2010). À l’horizon, un monde sans espace partagé.

 

Inde : périphérie coloniale et génocides

Côté marges géographiques et origines historiques, Davis s’est en particulier fait connaître par son travail sur les « génocides tropicaux ». Dans la lignée de Rosa Luxemburg, le géographe considère que l’expansion du capitalisme est indissociable de la domination et de l’exploitation coloniale. Il faut donc, pour comprendre la géographie de la modernité, aller voir ce qui s’est passé dans périphéries coloniales. Davis s’y emploie en particulier dans Génocides tropicaux. Catastrophes naturelles et famines coloniales (trad. fr. La Découverte, 2003). Il montre comment l’entreprise coloniale a déstabilisé les structures sociales et économiques locales, et a rendu, par une « négligence active », les populations indigènes vulnérables. Les conséquences seront dévastatrices. « L’imposition aux économies tropicales d’une organisation de la production et de la distribution des ressources agricoles servant directement les intérêts des pays occidentaux, la Grande-Bretagne en tête, a dangereusement exposé ces économies aux aléas climatiques et notamment au phénomène El Niño Southern Oscillation (ENSO) », mouvement saisonnier de chaleur qui parcourt l’Inde, la Chine, le Brésil, l’Éthiopie, la Corée, le Vietnam ou encore les Philippines, entraînant souvent des famines. Au cœur de la période coloniale, entre 1876 et 1902, le phénomène fera 30 à 60 millions de morts. Le tout, dans l’indifférence générale des Occidentaux, qui, alors même que les ressources auraient été suffisantes, ont sacrifié la sécurité alimentaire sur l’autel du commerce. Davis parle d’une véritable « écologie politique des famines » : « Des millions de personnes sont mortes, non pas en dehors du “système mondial moderne”, mais dans le processus même d'incorporation forcée dans ses structures économiques et politiques. »

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