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Le livre du jour

“Magie de la ressemblance”, de Michael Edwards

Frédéric Manzini publié le 18 novembre 2020 3 min

Pourquoi contempler un ciel de Tiepolo plutôt que celui qui se tient au-dessus de ma tête ? Quel intérêt ou plaisir peut présenter une carafe de Chardin en comparaison de celle qui est effectivement présente sur ma table à manger ? On sait que Blaise Pascal avait vu là une manifestation de la vanité humaine : « Quelle vanité que la peinture, qui attire l’admiration par la ressemblance des choses dont on n’admire point les originaux ! » Quelle magie plutôt, semble répondre Michael Edwards dans son essai Magie de la ressemblance. Essai sur l’art (PUF, 2020). L’académicien franco-britannique, qui est également poète, montre qu’en instaurant une « différence-dans-la-ressemblance », l’art « ouvre une porte sur un autre monde » en poussant le spectateur à pénétrer plus loin dans le secret du visible et à révéler l’invisible qu’il contient, mais auquel nous n’avions pas prêté attention.

 

  • Art et réalité. Si la question des rapports entre l’art et la réalité est l’une des plus classiques de l’histoire de la philosophie, ceux-ci sont souvent pensés comme des rapports d’« imitation » ou de « copie ». Ainsi Platon, par exemple, dénonce-t-il dans la République l’illusionnisme des trompe-l’œil qui voudraient nous faire prendre l’apparence pour la réalité. Mais les œuvres d’art cherchent-elles vraiment à nous duper ? Non, car elles ne veulent pas se conformer strictement à la réalité mais montrer plutôt une « ressemblance » intermédiaire entre ce monde-ci et celui qu’elles figurent. Michael Edwards montre que les tableaux de Claude Lorrain, qui semblent nous plonger dans un lointain merveilleux, représentent pourtant des personnages qui s’affairent au premier plan, au milieu de détails très réalistes. Le Lorrain ne nous invite donc pas dans un lieu idéal mais installe l’étrange à l’intérieur du familier, comme dans un rêve : « Ce qui se passe ici est illuminé par la présence d’un là-bas qui, tout en s’éloignant en effet dans un mystère difficile à saisir, tient compte des particularités du vécu. »
  • Identité, différence,  et… transcendance. Les analyses de Michael Edwards ne s’arrêtent pas à la peinture classique du Lorrain, de Chardin ou de Turner puisqu’elles convoquent aussi William Blake et Dante notamment, mais aussi des artistes contemporains comme Claude Garache et Pascale Hémery. En nous présentant des objets quotidiens installés dans un contexte différent, toutes ces œuvres ouvrent une autre dimension de la réalité et posent l’énigme troublante d’une transcendance au sein de l’immanence du quotidien. Elles nous poussent à reconnaître ce que nous croyions connaître : « La magie de l’art figuratif est de laisser surgir le jamais-vu dans le déjà-vu », écrit ainsi Michael Edwards, car elle « rend un objet présent d’une autre manière, montre en lui ce qui restait inconnu. La magie de la ressemblance révèle que la magie opère déjà dans la réalité, que le monde est magique, plein de mystère et de surprises. » 
  • Pour une conversion du regard. L’art nous incite à « convertir » le regard que nous portons sur les choses, en référence à la fois à la conversion philosophique qu’évoque la caverne de Platon et à la conversion religieuse des textes de l’Écriture. Il nous invite à pénétrer plus loin dans le secret du visible et à déceler l’invisible, au sens où il nous fait sentir autre chose que ce que nous l’habitude de voir, ou à le voir autrement. En effet, « les images ne forment pas un écran entre la réalité et nous, comme si la réalité était simplement là [car] nous imaginons toujours le réel ; nous l’imageons selon qui nous sommes et où nous nous trouvons », pour Michael Edwards, qui décrit les œuvres, immobiles, figées sur les cimaises des musées mais suspendues à notre contemplation, qui retiennent leur souffle et et qui semblent nous attendre, parce qu’elles-mêmes « donnent sur un monde en attente ».

 

Magie de la ressemblance. Essai sur l’art, de Michael Edwards, vient de paraître aux Presses Universitaires de France et est disponible ici.

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