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Cinéma

Louis-Ferdinand Céline, pleins feux sur la nuit de l’homme

Alexandre Koyré publié le 05 mars 2016 3 min
Dans “Louis-Ferdinand Céline. Deux clowns pour une catastrophe”, en salles le 9 mars, le réalisateur Emmanuel Bourdieu se penche sur la rencontre de l’écrivain exilé au Danemark et d’un universitaire juif américain. Il tire un portrait sensible et trouble du romancier.

« Je connais la musique du fond des choses... » écrit Céline à son correspondant Milton Hindus, deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. De cette relation amicale et tourmentée, d’abord épistolaire, entre l’auteur aux « mille pages de cauchemar en réserve », clown cynique aux saillies antisémites, et cet universitaire juif américain, le réalisateur Emmanuel Bourdieu a fait un film. Tirant l’antisémitisme de Céline vers le « démon culturel archaïque » plus que vers la conviction bien établie, ce portrait de « deux clowns pour une catastrophe » se concentre sur l’incongruité dramatique d’une rencontre, sans en épuiser l’ambiguïté.


Géant infirme

Céline y apparaît gâté par une obsession de persécution, manipulé par des « pulsions confuses », aussi odieux qu’attendrissant. « J'ai abandonné tant de manuscrits... arraché, traqué, jeté sous les bombes ou en cellule. Je n'en peux plus, je n'en veux plus. Si les Danois me donnaient cette rémission dont j'ai tant besoin, j'aurais le temps, je crois, de tout finir avant d'en terminer moi-même... » confie-t-il à Milton Hindus, lui-même à mi-chemin de l’admirateur naïf et de l’arriviste venu forger sa gloire littéraire dans le sillon du « maître ». L’universitaire visite l’écrivain en 1948, à son invitation, dans sa retraite spartiate de Korsør, au bord de la Baltique. Il s’est réfugié au Danemark par crainte d’être condamné pour collaboration avec les nazis, en France. À son retour aux États-Unis, Miltus Hindus publie The Crippled Giant (« Le Géant infirme »), qui paraît en 1949 aux États-Unis et l’année suivante en France sous le titre Louis-Ferdinand Céline tel que je l’ai vu.

Et que voit-on de l’écrivain honni ? Que Céline, comme il l’écrit lui-même, n’est « qu'un pauvre homme, pas un demi-dieu ». Qu’il ment, presque toujours. « Qu’est-ce que la littérature ? demande-t-il, rhétorique à son interlocuteur. Le contraire de la vérité. » Et quant à son apport à la littérature, précisément ? « En vérité, mon apport aux lettres françaises a été je crois ceci : on le reconnaîtra plus tard – rendre le langage français écrit plus sensible, plus émotif, le désacadémiser – et ceci par le truc qui consiste (moins facile qu'il y paraît) en un monologue d'intimité parlé mais TRANSPOSÉ – cette transposition immédiate spontanée, voilà le hic. En réalité, c'est le retour à la poésie spontanée du sauvage. Le sauvage ne s'exprime pas sans poésie, il ne peut pas. Le civilisé, académisé, s'exprime en ingénieur, en architecte, en mécanisé, plus en homme sensible ». Emmanuel Bourdieu ne cherche pas plus la vérité historique ou le film biographique exhaustif. Il filme en homme sensible.


Nuit de l’homme

Déjouant l’univocité des interprétations, il ne tranche pas, aidé dans cette entreprise périlleuse par le comédien funambule Denis Lavant. L’acteur, qui nous confiant craindre par dessus tout la tentation d’une « forme d’apitoiement, d’affaissement sur soi » s’est à vrai dire déjà glissé avec l’élégance de la simplicité, de l’évidence, dans la peau de l’écrivain, au théâtre, renouant avec cette flamboyance métaphysique, facétieuse et souvent frauduleuse, qui fait de Céline un immense styliste braquant pleins feux sur la nuit de l’homme. À ses côtés, le comédien britannique Philip Desmeules, le second clown de cette catastrophe humaine, remarquable dans le rôle de Milton Hindus, et Géraldine Pailhas qui interprète Lucette, la compagne qui suit Céline dans son exil scandinave. « Monstre, moi ? conclut-il dans sa correspondance avec Hindus. Eh bigre ! c'est le monde, les hommes qui se sont montrés monstrueusement injustes et dégueulasses à mon égard. Je ne suis pas monstre du tout – ce sont mes frères qui sont des monstres – et des sales idiots désastreux au surplus – on le verra bien, trop bien ! bientôt ! Regardez donc Jérôme Bosch ! avec vos lunettes. Le monde est là. »

 

Louis-Ferdinand Céline. Deux clowns pour une catastrophe
Un film d’Emmanuel Bourdieu, avec Denis Lavant, Géraldine Pailhas et Philip Desmeules.
En salles le 9 mars 2016.

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