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(cc) Mark Cummins / Flickr

L’euthanasie déchire les consciences, dans les hôpitaux et devant les tribunaux

Cédric Enjalbert publié le 17 janvier 2014 4 min
Le cas du tétraplégique en état de conscience minimale Vincent Lambert ravive le débat sur l'euthanasie, la dépendance et la fin de vie.

Après les affaires Vincent Humbert ou Chantal Sébire, celle de Vincent Lambert devrait raviver les dilemmes qui agitent le débat sur l’euthanasie.

Tétraplégique en état de conscience minimale (dit « pauci-relationnel »), depuis un accident de la circulation en 2008, Vincent Lambert est au centre d'un combat judiciaire. Il oppose son épouse et le CHU de Reims, d’un part ; ses parents, qui refusent son euthanasie passive, de l’autre. Par deux fois la justice a dû se prononcer sur ce cas, révélateur des ambiguïtés de la loi et d’un « manque de cohérence éthique ».

Que dit la loi ? Depuis 2005, la loi Leonetti autorise le « laisser mourir » mais interdit de « donner la mort ». Dans un cas, il s’agit (passivement) de refuser l’acharnement thérapeutique, dans l’autre, de mettre (activement)  fin à la vie.

Lire le panorama des positions éthiques
face à l'euthanasie >>

Concrètement, une équipe médicale peut, en consultant l’avis de la famille du patient mais sans être contraint de le suivre, décider d’« interrompre ou ne pas mettre en œuvre les traitements qui apparaissent comme inutiles ou disproportionnés et dont le seul but est le maintien artificiel de la vie » précise Jean Leonetti à l’AFP. Cette autorisation devrait pouvoir s’appliquer aux patients plongés dans « des états végétatifs ou pauci-relationnels (ou état de conscience minimale), du type de celui dans lequel se trouve Vincent Lambert ».

Mais Vincent Lambert n’est pas atteint d’une maladie incurable et n’est pas en fin de vie, arguent ses parents. Et ce jeudi 16 janvier, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne), consulté pour la seconde fois, leur donne raison, jugeant « que la poursuite du traitement n’est ni inutile, ni disproportionnée ».

Ce n’est pas l’avis du corps médical, selon lequel les soins prodigués à Vincent Lambert — nutrition et hydratation artificielles — entrent dans le cadre des « actes inutiles, disproportionnés ou n'ayant d'autre effet que le seul maintien artificiel de la vie ».

Vincent Lambert vivra donc, sans espoir d’amélioration, en état de conscience minimale, en dépit des efforts déployés par son épouse pour faire cesser une « obstination déraisonnable ».

 

Des valeurs indécidables

Ces dilemmes juridiques et moraux démontrent que la distinction entre laisser mourir et donner la mort ne tient plus, la pratique affronte une infinités de nuances casuistiques, raffinant les positions éthiques, obligeant à l’interprétation de la loi.

« L’éthique c’est d’abord un devoir de cohérence ! »

Pour trancher vivement ces débats dans le sens d’un humanisme renouvelé, faut-il imaginer un droit de mourir dans la dignité « opposable » et penser le don de la mort, comme le soutient notamment André Comte-Sponville ?  « L’éthique c’est d’abord un devoir de cohérence ! écrit-il dans une contribution favorable à l'euthanasie…. Il n’y a en vérité pas de raison éthique convaincante de limiter l’assistance au suicide au seul cas du refus de soin et encore moins au cas plus restreint de la fin de vie. »

Quelles limites alors poser à la pente glissante d’une organisation économique et sociale de la mort, qui verrait l’un des interdits fondamentaux de la culture et de la médecine occidentales franchit : le devoir de conserver la vie et l’interdiction de la donner?

Motivé par une prudence que certains jugent excessive et par l’impossibilité fondamentale de trancher un dilemme traversé par des fondements axiologiques si fermes et si personnels, la Comité consultatif national d’éthique, présidé par Jean-Claude Ameisen et auquel le philosophe André Comte-Sponville participait, a ainsi rendu un avis négatif sur la légalisation de l’euthanasie, le 1er juillet 2013. Il préconise le maintien de l’interdiction faite aux médecins de « provoquer délibérément la mort ».

Lire le témoignage du philosophe Gianni Vattimo:
« Complice d'un suicide assisté »

Que prouve l’impasse de ces débats contradictoires, qui déchirent les familles et les consciences, portés devant les tribunaux et jusqu’aux plus hautes sphères de l’État — le chef de l'État a déclaré lors de son intervention mardi 14 janvier 2014 de ne pas exclure d'autoriser « une assistance médicalisée pour terminer sa vie » ? Combien il est difficile d'adopter une position dogmatique sur l'euthanasie.  « Nous sommes là dans l’indécidable du domaine où s’affrontent des valeurs tout aussi fondamentales les unes que les autres », conclut le rapport du Comité consultatif national d’éthique.

 

Favorables, en principe...

92% des Français sont pourtant favorables à l’euthanasie pour les personnes qui en font la demande et qui souffrent de « maladies insupportables et incurables », selon un sondage Ifop publié vendredi 1er novembre 2013, mené du 29 au 31 octobre pour l’association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).

« 92% des Français sont pourtant favorables à l’euthanasie »

À la question, « selon vous la loi française devrait-elle autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie de ces personnes atteintes de maladies insupportables et incurables si elles le demandent ? », 44% répondent « oui absolument » et 48% répondent « oui dans certain cas ». Ils étaient 94% à répondre globalement oui à la même question lors d’un sondage réalisé en août 2011, par le même institut, pour le journal Sud Ouest.

Les Français sont donc en principe très majoritairement pour le droit à l’euthanasie dans les cas désespérés, à condition d’en exprimer clairement et personnellement la demande. Là le bât blesse. Vincent Lambert n’a, par exemple, plus les moyens de s’exprimer. Les défenseurs du droit à mourir dans la dignité rappellent la nécessité de rédiger une directive anticipée, indiquant nos volontés.

Mais des telles directives, même rédigées en bonne et due forme, signées de la main du patient des mois ou des années avant son accident, témoignent-elles de la volonté actuelle du patient ? La notion de volonté anticipée a-t-elle un sens ? Sommes-nous seulement capable d’anticiper la dépendance et de regarder la mort en face, cette mort « toujours extraordinaire pour soi et ordinaire pour tous » ?

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