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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Séverine Scaglia pour PM

Lexique

Les usages du monde

Paul Mathias publié le 26 avril 2007 9 min

De ses « cogitations », Montaigne a extrait une manière d’exister, des manières d’être. Avec les Essais, considérations dispersées, il livre une pensée personnelle sur des sujets universels tels le mariage, la coutume ou la mort.

« Difficultueux » vocabulaire de Montaigne... Vieilli, érudit, populaire, entrelardé de latinismes et saturé de lectures ou d’« allongeails », il porte un texte dont l’incessant tourbillonnement nous ouvre au « visage des choses ». Non les siennes, mais bien les nôtres. Car ce que nous cherchons le plus souvent dans les Essais, ce sont bien nos propres négociations de justice, nos vertus et nos inconstances, nos contradictions et nos bavardages. Ce recueil de « cogitations » nous livre une pensée toujours actuelle. Glissant sur la surface de notre temps, Montaigne déploie avec génie les incertitudes, les hésitations, les conquêtes aussi d’un « discours » qui, « par raison déraisonnable », trouve en une vacillante vérité la place de sa pleine liberté.

 

La coutume

Elle exerce sur nous un « empire ». Car non seulement sont divers les hommes et les nations, mais « il n’est chose, en quoi le monde soit si divers qu’en coutumes et lois ». Autant dire que nous vivons dans l’arbitraire le plus aveugle, ou sinon tout à fait aveugle, tellement confus que nous pouvons difficilement nous rendre aux raisons de nos usages. La difficulté, dès lors, c’est que la coutume « donne [peut-être] forme à notre vie », mais qu’au rebours nos « usances sont non seulement inconnues, mais farouches et miraculeuses à quelque autre nation ». Autrement dit : nous ne sommes ce que nous sommes qu’à travers les usages dont nous sommes criblés et, dans le même temps, nous sommes incapables de comprendre de quelle maille nous sommes tissés ! Comment, a fortiori, nous faire la moindre idée de la vie des autres, les « barbares » ou les « cannibales » ? Le problème de la coutume est donc celui de notre appartenance, que nous ne savons jamais à quoi rapporter, et de l’altérité, dont nous ne saurions guère percevoir que d’imprécis reflets. C’est du coup à chacun de tenter de se définir ou redéfinir, de s’identifier ou d’affirmer son identité. Opinions, manières d’être, de vivre, de penser ou d’occuper le monde, voilà qui forme un écheveau indémêlable de malentendus et d’amitiés, de violences guerrières et de « polices », comme on appelait autrefois les constitutions politiques. Foncièrement pluraliste, Montaigne s’intéresse peu aux racines, et conçoit plutôt les coutumes comme autant de processus sous la force desquels nous sommes condamnés à négocier les termes de notre vie.

 

Ma sujétion graveleuse

Il y a comme un « stoïcisme » de Montaigne, dont témoignent le courage et l’endurance qu’il opposait à sa maladie de la pierre – ses coliques néphrétiques. « Il faut apprendre à souffrir ce qu’on ne peut éviter », a-t-il écrit, ajoutant que les biens et les maux sont « consubstantiels » à notre vie. À quoi il y a quelque remède. Si l’imagination, qui amplifie les sens, nous accable de douleur, l’esprit peut y pourvoir en nous représentant la nécessité de l’ordre des choses auxquelles nous soumettre. Mais si seulement l’esprit « persuadait comme il prêche » ! On a beau savoir ce qui est juste et bon... L’issue est ailleurs, sans doute. Dans les remèdes ? Nullement, car il n’y a que faire contre « les troubles de la vieillesse », et la douleur résiste. Dans la nature, plutôt : « Est-il rien doux au prix de cette soudaine mutation, quand d’une douleur extrême je viens, par le vidange de ma pierre, à recouvrer comme d’un éclair la belle lumière de la santé, si libre et si pleine, comme il advient en nos soudaines et plus âpres coliques ? » Où l’on voit que la douleur est à proximité du plaisir. Voire, qu’il y a manière de convertir quelque mal en quelque bien. Ainsi, un 24 août : « Je rendis ma pierre non sans douleur et sans effusion de sang [...]. Elle était de la grandeur et longueur d’une petite pomme ou noix de pin, [...] et avait exactement la forme du membre masculin. Ce fut un grand bonheur pour moi d’avoir pu la faire sortir. »

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