Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

© Hélène Builly / Costume 3 Pièces

 

Lexique

Les sentiers de la modernité

Blaise Bachofen publié le 30 avril 2009 9 min

Jean-Jacques Rousseau s’est lancé un défi : inventer un état social moderne qui ne soit pas pire que l’état de nature. Cet élan fonde une œuvre marquée par le souci constant de l’humain, la conscience des inégalités et la défense de la liberté.

État de nature

« En dépouillant [l’homme] de toutes les facultés artificielles qu’il n’a pu acquérir que par de longs progrès, je vois un animal se rassasiant sous un chêne, trouvant son lit au pied du même arbre qui lui a fourni son repas, et voilà ses besoins satisfaits. » Pourquoi Rousseau construit-il, dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1), cette fiction d’un homme « sortant des mains de la nature » ? Il s’en explique clairement : « Ayant d’anciennes erreurs à détruire, j’ai cru devoir creuser jusqu’à la racine. »

Il veut réfuter les sophismes de Hobbes, qui nomme « état de nature » la situation d’hommes dont les relations ne seraient pas régies par un pouvoir souverain. Hobbes et les auteurs qui s’en inspirent imaginent un état de rivalité, de frustration et de peur, voire de guerre généralisée. La nécessité du pouvoir politique semble alors universelle, car fondée sur les comportements naturels de l’homme. Rousseau réfute cette illusion en examinant ce qu’est un « véritable état de nature », c’est-à-dire les besoins réellement nécessaires et universels de l’homme. Par contraste, il souligne ce qui est contingent, historique, modifiable. Il établit alors que la misère et la guerre n’ont pas leur origine dans la nature, mais dans la culture, et plus précisément dans certaines formes historiques d’organisation des sociétés. Il permet ainsi de comprendre l’existence de sociétés sans État, qui ignorent la propriété de la terre et où les conflits se réduisent à des luttes pour l’honneur, lesquelles n’ont rien d’une lutte pour la survie ou d’une « guerre ».

L’attention portée par Rousseau à la différence entre nature et culture et aux différentes formes d’organisation sociale explique que Lévi-Strauss ait reconnu en lui l’un des grands précurseurs de l’ethnologie (sur ce thème lire l’interview de Philippe Descola).

 

Amour de soi, amour-propre

Parmi les modifications qui distinguent l’homme social de l’homme dans le « pur état de nature », certaines relèvent des facultés intellectuelles (langage, raisonnement), d’autres sont liées à la sensibilité et au désir.

C’est le sens de la distinction entre « amour de soi » et « amour-propre ». L’« amour de soi », commun aux animaux et aux hommes, est l’instinct de conservation, c’est-à-dire l’ensemble des besoins s’expliquant par une nécessité vitale. « L’amour-propre » n’est connu que de l’homme social, qui devient un « moi relatif » (Émile). Il se nourrit du souci d’être « considéré », d’être estimé ou d’être aimé. Il repose sur des comparaisons et jette l’homme dans une inquiétude infinie sur la valeur que les autres hommes lui accordent. L’amour-propre est donc ambivalent : source du sentiment de l’honneur, il intensifie les conflits entre les hommes, mais il produit également « les premières règles de la civilité » (Discours sur l’inégalité). Il élève comme il abaisse, il est « orgueil dans les grandes âmes, et vanité dans les petites » (Émile). La modification de l’amour de soi en amour-propre est irréversible. Elle est intimement liée au passage de la nature à la culture et à ce que Rousseau nomme la « perfectibilité ». À son sens, ce terme ne désigne pas une faculté de s’améliorer, mais permet de modifier sa propre nature en perfectionnant ses facultés : il peut, là aussi, en résulter le pire comme le meilleur, car le développement des passions d’amour-propre et le développement de l’intelligence sont, chez Rousseau, indissociablement mêlés.

Expresso : les parcours interactifs
Faire l’amour
Que fait-on quand on fait l'amour ? Tentons-nous de posséder une part de l'autre, ou découvrons-nous au contraire son mystère, sa capacité à nous échapper sans cesse, faisant redoubler notre désir ?
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
3 min
Hobbes-Locke-Rousseau : un pour tous, tous pour un
Victorine de Oliveira 25 avril 2023

Plusieurs philosophes ont fait du contrat le moment fondateur de la communauté politique. Pour Hobbes, Locke et Rousseau, sortir de l’état de nature suppose un moment à la fois d’association et de renoncement de la part des individus…


Article
28 min
Jean-Jacques Rousseau. Les Rêveries du promeneur solitaire (extraits)
Victorine de Oliveira 02 juillet 2019

Jean Jacques Rousseau (1712-1778) accorde autant de place dans son œuvre à la réflexion politique (“Du contrat social”, “Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes”) qu’à l’introspection autobiographique (…


Bac philo
3 min
L’État
Nicolas Tenaillon 01 août 2012

L’État, notion proprement politique, désigne l’autorité la plus haute pour gérer le vivre ensemble. Il se distingue de la société à laquelle il impose son arbitrage lorsque des conflits apparaissent entre les intérêts privés. Détenteur…


Article
3 min
Hobbes et Rousseau croqués par Diderot
19 mars 2022

Dans le Léviathan, Hobbes bouleverse la philosophie politique, notamment en introduisant la fiction d’un état de nature apocalyptique. Rousseau y opposera une vision bien différente : s’il reprend la théorie du contrat, le philosophe…


Bac philo
3 min
La nature
Nicolas Tenaillon 18 mai 2022

Opposée à la culture, la nature (mot issu du latin nascor : naître) est une notion fortement équivoque qui décrit à la fois un processus et un résultat, l’essence des choses et le monde qui les entoure (appelé alors : Nature,…


Article
6 min
Stephanie Posthumus : Michel Serres et le "contrat naturel"
Emmanuel Levine 11 juillet 2023

Il y a trente ans, Michel Serres jetait les bases d’une communauté de la nature et des hommes : un « contrat naturel » à l’échelle de la planète. Spécialiste canadienne de l’écocritique, Stephanie Posthumus…


Article
9 min
Le pacte des loups
Delphine Thivet 28 octobre 2009

Le contrat social est la seule manière de sortir l’homme de l’état de nature, dominé par la crainte d’une mort violente. L’État qui en résulte…

Le pacte des loups

Article
3 min
Montée des inégalités: les Français pessimistes
Cédric Enjalbert 06 février 2014

La baromètre de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), publié mercredi 5 février 2014, révèle que …

Montée des inégalités: les Français pessimistes

Article issu du magazine n°29 avril 2009 Lire en ligne
À Lire aussi
“Koh-Lanta”, état de nature ou jeu social ?
“Koh-Lanta”, état de nature ou jeu social ?
Par Clara Degiovanni
avril 2021
Une petite histoire de la philosophie: “Rousseau et la différence entre l’homme et l’animal”
Une petite histoire de la philosophie: “Rousseau et la différence entre l’homme et l’animal”
janvier 2023
Docteur Rousseau et Mister Jean-Jacques
Par Victorine de Oliveira
avril 2017
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Les sentiers de la modernité
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse