Les saisons de la fragilité
Comme elle est étrange, cette lumière claire, presque blanche, qui traverse désormais nos automnes sans mollir, sans virer au miel, à la douceur, sans se nuancer d’ombres. Est-ce l’effet du réchauffement climatique ? Je vois, sur les arbres, les feuilles se racornir et dorer presque au même rythme qu’avant, mais la ville et les campagnes restent plongées longtemps dans une clarté nette de tragédie grecque, qui n’était autrefois que le privilège de juillet et qui se maintient avec insolence bien au-delà du délai, un peu comme une invitée encombrante qui ne comprend pas que l’heure est avancée, qu’elle devrait s’en aller.
Mon corps, nos corps prennent de nouveaux plis, comme de supporter entre juin et août des chaleurs autrefois rarissimes sous nos latitudes, de plus de trente degrés, qui ne faiblissent pas des semaines durant. Il s’agit peut-être d’une sorte de training, de préparation au monde qui vient, s’il est vrai que les températures vont continuer à augmenter et que la courbe pour le siècle est asymptotique. Comme épreuve existentielle, mais aussi comme pure expérience, la canicule n’est pas que désagréable, elle donne aussi l’occasion d’explorer toute une gamme de plaisirs : celui de transpirer abondamment chaque jour et d’évacuer par tous les pores de la peau l’acidité et le sel, les toxines que les mois tempérés maintiennent sans doute à un niveau trop élevé dans l’organisme ; ou encore celui de se passer de manteau et même de veste, de n’avoir qu’une seule couche de tissu – chemise ou tee-shirt – sur soi, de se promener en short, en tongs, même sur nos lieux de travail ; celui de laisser les fenêtres ouvertes même la nuit, de vivre au grand air ; de retrouver chaque matin un ciel d’un bleu nu. Nos étés indiens, nos vagues de chaleur jouent sur nos cordes sensibles… Je pense aussi à ce cher vin rouge, que les canicules rendent indigeste, à qui l’on se surprend à préférer le blanc frais ; à ces sucres lents et ces viandes dont on n’aurait jamais cru avoir moins de gourmandise sincère que des fruits.
Faites-vous primer le désir comme Spinoza, la joie à l'instar de Platon, la liberté sur les pas de Beauvoir, ou la lucidité à l'image de Schopenhauer ? Cet Expresso vous permettra de le déterminer !
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