Les pouvoirs ancestraux du boycott

Une idée née dans l’Antiquité

Dès l’Antiquité, bien avant l’invention du terme, la pratique du boycott est attestée… y compris dans le cadre des compétitions sportives ! Le voyageur grec Pausanias en cite deux exemples, comme le rappellent Bernard Jeu et Martine Gauquelin dans Le Sportif, le philosophe, le dirigeant (1993). Un premier, d’abord, à caractère mythique : Hercule, venu réclamer son salaire pour le nettoyage des écuries d’Augias, est éconduit. « Mécontent et bien décidé à se venger », il « massacre à coups de flèches » deux sportifs de la cité d’Élide, que dirige Augias, qui se rendaient aux Jeux isthmiques. « Les gens d’Élide demandent réparation. Mais Argos, où séjourne Hercule, refuse l’extradition. Et Corinthe refuse d’interdire la participation d’Hercule aux jeux isthmiques. Profondément ulcérés, les Éléens s’engagent solennellement à ne plus jamais envoyer de représentants à l’avenir pour participer aux épreuves isthmiques. »

Seconde affaire, plus certaine historiquement parlant, mais aussi plus terre-à-terre : « En 332 avant notre ère, l’Athénien Callippos avait acheté ses adversaires du pentathle [course, saut en longueur, lancers du disque et du javelot, lutte]. L’affaire aurait probablement été vite classée si les Athéniens, qui devaient régler la pénalité, n’avaient décidé de ne pas payer l’amende et de ne plus envoyer d’athlètes à Olympie. » Bref, le boycott n’est pas une invention récente !