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Vue aérienne d'un véhicule agricole répandant de l'engrais dans un champ. © Laurent Grandguillot/REA

Santé

Les pesticides sous le feu des critiques 

Octave Larmagnac-Matheron publié le 08 juillet 2021 3 min

Cancer de la prostate, myélome multiple, broncho-pneumopathie chronique obstructive, bronchite chronique, troubles cognitifs de la mémoire, de l’attention ou du raisonnement… La dernière expertise collective de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) dresse un bilan aussi documenté qu’alarmant de la corrélation probable entre expositions à certains pesticides et de multiples pathologies. De quoi inquiéter en premier lieu les professionnels de l’agriculture et les habitants des communes rurales riveraines d’exploitations. Mais la question des pesticides préoccupe aussi l’opinion publique, comme le relève l’épidémiologiste Rémy Slama dans sa présentation, le 30 juin dernier, des résultats de l’enquête.

Dès le début des années 1960, la biologiste américaine Rachel Carson, qui a forgé le concept de « biocide », tirait déjà la sonnette d’alarme, avec la publication d’un ouvrage décisif : Printemps silencieux. Elle avait déjà compris la dangerosité de ces produits. Voici pourquoi.

 

  • La publication en 1962 de Printemps silencieux, par l’Américaine Rachel Carson, est une étape décisive dans la prise de conscience du problème des pesticides, et en particulier dans la remise en question de l’idéologie du progrès à tout crin qui sous-tend le développement de l’agriculture intensive à grand renfort de substances chimiques. Biologiste, Carson s’intéresse à ces questions depuis les années 1940 – la Seconde Guerre mondiale a considérablement accéléré les recherches sur les toxines de synthèse. Mais c’est le projet d’éradication des fourmis de feu par épandage de dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT), lancé en 1957 par le département de l’Agriculture, qui la décide à écrire.
  • « La plus alarmante des agressions de l’homme sur l’environnement est la contamination de l’air, de la terre, des rivières et de la mer par des substances dangereuses, voire mortelles », écrit-elle pour dénoncer « ce processus de contamination désormais universel, qui transforme la nature même du monde, la nature même de la vie ». Insecticides et pesticides ne détruisent pas, en effet, uniquement les espèces nuisibles : « Ces produits chimiques, non sélectifs, ont le pouvoir de tuer chaque insecte, les “bons” comme les “mauvais”, de faire taire le chant des oiseaux, d’empêcher le saut des poissons dans les ruisseaux, d’enrober les feuilles d’un film mortel, et de s’attarder dans le sol. Tout cela bien que l’objectif poursuivi soit seulement de lutter contre quelques mauvaises herbes ou insectes. » Mieux faut, pour qualifier ces substances, parler de « biocide » (le terme est de Carson).
  • L’homme n’échappera pas à cette contamination globale. « Est-il possible que croire que nous pourrions recouvrir la surface de la Terre de ce déferlement de poisons sans rendre la planète impropre à toute vie ? » Nous ne cessons, cependant, d’inventer de nouvelles substances toujours plus meurtrières. « Cette escalade a lieu parce que les insectes, illustrant par là on ne peut plus clairement le principe formulé par Darwin de survie des plus aptes, ont développé une résistance aux insecticides utilisés, d’où la nécessité d’inventer des substances toujours plus toxiques. […] La guerre chimique n’est jamais gagnée. »
  • Nous n’en mesurons pas, à vrai dire, tous les effets, qui se déploient sur le temps long, bien au-delà du seul moment de la pulvérisation. « Cette pollution est en grande partie irrévocable ; la chaîne du mal qu’elle engendre, non seulement dans le monde qui soutient la vie mais dans les tissus vivants eux-mêmes, est pour l’essentiel irréversible. […] Des substances qui s’accumulent dans les tissus des plantes et des animaux et pénètrent même les cellules germinales, altérant ainsi le matériau même de l’hérédité dont dépend la forme de l’avenir. »
  • Lecteur de Carson et théoricien du risque, le sociologue Ulrich Beck a élargi l’approche de la biologiste, en soulignant, dans La Société du risque (1986), que le monde contemporain était désormais hanté par un « royaume des ombres » fait de particules, radioactives ou chimiques, invisibles et disséminées dans l’intégralité du monde : « On entend partout les murmures des toxiques et des polluants qui grouillent comme les démons du Moyen Âge. Les hommes leur sont quasiment livrés pieds et poings liés. Respirer, manger, se loger, se vêtir, autant de secteurs qu’ils ont investis. […] Ils sont […] toujours déjà là. Leur invisibilité n’est pas un gage de leur non-existence – leur réalité se joue de toutes les façons dans la sphère de l’invisible, et elle donne à leur présence présumée un espace quasi illimité. » Nous n’avons aucune prise directe sur ces agents : nous ne savons pas ce qu’ils trament. Prendre en charge ce risque est un grand défi de notre époque.
Et puisque nous en sommes là : mourrez-vous frappé par un hyperobjet ?
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