“Les Assyro-Chaldéens ont été victimes d’un génocide physique, culturel, religieux et territorial”
Le 8 février dernier, le Sénat français adoptait une proposition de résolution déposée par le parti Les Républicains, portant sur la reconnaissance du génocide assyro-chaldéen par l’Empire ottoman au début du XXe siècle. Le texte devra désormais passer à l’Assemblée nationale. Joseph Yacoub, auteur de nombreux ouvrages sur la question, revient sur les enjeux de cette reconnaissance officielle.
Une question préliminaire, peut-être, s’impose avant même de parler du génocide qu’ils ont subi : qui sont, en quelques mots, les Assyro-Chaldéens ? Constituent-ils un peuple ou des peuples ?
Joseph Yacoub : L’histoire atteste qu’il existe un peuple assyro-chaldéen, qui a habité de tout temps sa terre, la Mésopotamie historique. On le présente comme nation et Église, qui vivait à la périphérie d’empires rivaux, sur son territoire ancestral, en Anatolie orientale : Hakkari, Tur Abdin, Mardin…, au nord-ouest de l’Iran et en Mésopotamie du nord, et au nord de l’Irak actuel : Mossoul et la plaine de Ninive. Les Assyro-Chaldéens sont connus sous des vocables différents, d’où la confusion sur leur nom : Assyriens, Chaldéens, Syriaques, Nestoriens, Jacobites, Araméens. Ils se considèrent en filiation avec les Assyriens antiques, les Babyloniens, les Chaldéens et les Araméens de l’antique Mésopotamie, dont l’histoire remonte à plus de 5 000 ans. Un des berceaux de la civilisation humaine cette région contribua au progrès de la connaissance et de l’organisation tant en matière religieuse, philosophique, scientifique et politique qu’administrative. On lui doit notamment le Code de Hammurabi (vers 1750 avant J.-C.), première législation en matière d’organisation sociale. Cet héritage, les Assyro-Chaldéens en tirent fierté. Après la déperdition de leur État, suite à la chute de Ninive et de Babylone (respectivement en -612 et -539 avant J.-C.), ce fut l’Église qui devint la protectrice de ce peuple et le ciment de son unité. De langue araméo-syriaque, ils ont des dogmes et des rites différents des chrétiens. Leur christianisme est autochtone et apostolique. Connus pour leurs écoles, leurs académies (Édesse, Nisibe, etc.), leurs traductions du grec et leurs monastères, dotés de leurs liturgies propres, ils ont produit, sous le nom de Syriaques, une littérature abondante, y compris dans le domaine philosophique, comme je le montre dans Le Moyen-Orient syriaque (Salvator, 2019).
“250 000 Assyro-Chaldéens ont été massacrés par les Ottomans entre 1915 et 1918, ce qui représente plus de la moitié de la communauté, car la Turquie planifiait l’extermination des chrétiens d’Orient”
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