L’ennui ou la fatigue de l’éternité
Les philosophes n’ont pas tous appréhendé le sentiment de vide de la même façon.
L’ennui n’a pas bonne presse chez les penseurs. « La vie oscille entre la douleur et l’ennui, pire que la douleur », écrit Schopenhauer dans Le Monde comme volonté et comme représentation (1818). Pessoa, un siècle et demi plus tard, ajoute : « L’ennui est bien la lassitude du monde. […] L’ennui est […] la sensation charnelle de la vacuité surabondante des choses. Mais plus que cela, l’ennui c’est aussi la lassitude d’autres mondes, qu’ils existent ou non ; le malaise de devoir vivre, même en étant un autre, […] la fatigue, non pas seulement d’hier et d’aujourd’hui, mais encore de demain et de l’éternité même. […] L’ennui est la sensation […] que le chaos est tout » (Le Livre de l’intranquillité, 1982). Kierkegaard ne se montre pas plus clément dans Ou bien… ou bien (1843) : « L’ennui est cruel, cruellement ennuyeux. […] Je reste étendu, inactif ; la seule chose que je vois, c’est le vide, la seule dont je vis, c’est le vide. » L’ennui quête l’homme sans occupation. Toute inactivité, cependant, n’est pas ennui. « L’oisiveté […] est une vie vraiment divine lorsqu’elle ne s’accompagne pas d’ennui. » Nous nous ennuyons d’ailleurs parfois au cœur même de l’activité. C’est bien plutôt l’ennui qui, s’emparant de nous, nourrit l’inertie. Soudain le monde nous lasse. Rien ne nous concerne, rien ne nous intéresse – même l’angoisse se refuse à nous. « L’ennui, […] c’est la possibilité pure, l’indifférence à toute forme actuelle. […] L’ennui n’est pas l’effet de la monotonie ou de la fatigue, […] plutôt la cause. »
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Nous reproduisons des extraits du Monde comme volonté et comme représentation d’Arthur Schopenhauer traduits par Auguste Burdeau.
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