L'emploi de la tête
Les aléas d’une vie se lisent sur un visage. Et pas seulement dans les plis : ils affectent aussi l’éclat du regard, le plus ou moins de mollesse de la bouche, la volatilité des expressions. Clamence, le héros de La Chute de Camus, a bien raison d’affirmer qu’« après un certain âge, tout homme est responsable de son visage ». Une longue habitude des plaisirs ne façonne pas la physionomie de la même manière qu’une vie encasernée. La dureté avec soi-même et avec les autres finit par maroufler une sorte d’armure immatérielle, mais bien visible, sur une face.
D’où la question : comment l’exercice du pouvoir modifie-t-il le visage humain ? Qu’est-ce qui change, après un passage par l’Élysée ? Pour le déceler, rien de tel que de comparer les affiches de campagne de François Mitterrand en 1981 et en 1988, ou celles de Jacques Chirac en 1995 et en 2002. Chez l’un comme chez l’autre, l’expérience de la fonction présidentielle s’accompagne de quelques transformations patentes : chez Mitterrand, les pattes sont un peu plus blanches, les sourcils plus broussailleux, la commissure des lèvres tire vers le bas comme s’il avait un goût amer sur la langue ; dans le cas de Chirac, ce qui frappe d’abord, c’est qu’il a renoncé aux poses d’acteur américain, de séducteur qui ne regarde au loin que pour mieux laisser agir son charme dans la distance qu’il vous impose. En 2002, Jacques Chirac sourit avec la placidité débonnaire d’un homme qui vient de relire L’Art d’être grand-père de Victor Hugo. Chez Nicolas Sarkozy, l’écart est tout aussi manifeste, même si le mandat n’aura duré que cinq ans : en 2007, il y avait une sorte de détente énergique dans sa cambrure, de défi dans son port de tête ; il toisait l’électeur avec un mélange indécidable de bienveillance et d’avidité – tandis que cette année, sur son affiche de campagne qui porte en fond la mer Égée (clin d’œil ironique à nos amis grecs ?), il s’est patiné, il regarde au loin et très au-dessus de la mêlée, comme un vétéran revenant du front. Les graphistes en charge de sa campagne lui ont même laissé une étrange encoche, comme une sorte de balafre isolée, au-dessus du sourcil droit, qui brise toute symétrie. Mais il est un point commun aux trois politiciens : dans leurs photographies d’après-mandat, on ne décèle plus sur leurs visages aucune nuance de peur.
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