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Lors d'un sommet sur l’Ukraine, le 9 décembre 2019, au palais de L’Élysée à Paris, sont réunis autour de la table (de gauche à droite) le président ukrainien Volodymyr Zelensky, son homologue français Emmanuel Macron, le chef d’État russe Vladimir Poutine et la chancelière allemande Angela Merkel. Derrière eux, leurs conseillers diplomatiques. © Christophe Petit Tesson-Pool/Getty Images/AFP

 

Dossier / “Il faut qu’on parle !”

L’art de négocier avec ses adversaires : entretien avec Emmanuel Bonne, conseiller diplomatique du président de la République

Michel Eltchaninoff publié le 01 juin 2023 10 min

Faut-il parlementer avec Poutine ou croire Xi Jinping sur parole ? Quelle est la frontière entre négociation et compromission ? Pour le savoir, nous nous sommes entretenus avec le conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron, Emmanuel Bonne.

 

Dans une petite rue protégée qui longe le palais de l’Élysée, on rejoint la cellule diplomatique de la présidence de la République. La dizaine de diplomates qui y travaillent définissent, sous l’autorité d’Emmanuel Macron, la politique étrangère de la France. Ils sont de toutes les négociations, accompagnent le président durant toutes ses visites. Emmanuel Bonne dirige cette cellule aussi discrète qu’influente. Ce diplomate chevronné, spécialiste du Moyen-Orient, a été nommé à ce poste en 2019. Il a géré le bouillant Donald Trump, orchestré la visite d’Emmanuel Macron au Liban après l’explosion du port de Beyrouth, tenté d’empêcher la guerre en Ukraine.

Un travail d’équilibriste qui traduit un art consommé de la négociation avec, pour principe, le choix de parler à tout le monde. Emmanuel Bonne, en nous recevant dans son bureau, a ainsi longuement expliqué la position du chef de l’État. Il a également levé le voile sur les négociations les plus périlleuses qu’il a dû mener au cours de sa carrière. Il défend une conception instrumentale de la parole, qui nécessite de se mettre à la place de son adversaire, de saisir son intérêt, pour mieux défendre le sien. Tout en assumant que cela ne fonctionne pas toujours.


Vous êtes le sherpa du président. Qu’est-ce qu’un « sherpa » ?

Emmanuel Bonne : Comme dans Tintin au Tibet, le sherpa, c’est celui qui a les bagages sur son dos lors d’une expédition. En diplomatie, il est chargé de porter les dossiers du président, notamment lors des réunions des pays les plus industrialisés, ceux du G7. C’est un rôle modeste mais crucial, puisque le chef de l’État, comme le randonneur, parvient au sommet avec l’aide de son sherpa. Mais je suis aussi le conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron. J’anime la cellule diplomatique – une équipe d’une dizaine de personnes –, qui a la grande responsabilité de fabriquer la politique étrangère du chef de l’État, au cœur de son domaine réservé, avec tous les moyens de l’État et notamment ceux du Quai d’Orsay. Nous conseillons le président, préparons ses rendez-vous internationaux et ses voyages à l’étranger. Nous veillons à ce que ses décisions soient bien mises en œuvre. Nos diplomates négocient, mais nous intervenons directement sur les sujets les plus sensibles et les arbitrages les plus délicats qui exposent le président. La parole des conseillers du président doit refléter sa pensée et être conforme à ses instructions.

 

Que se passe-t-il quand vous n’êtes pas d’accord avec lui ?

C’est avec lui que je négocie ! Et c’est lui qui décide. C’est lui le chef. Il accepte volontiers la discussion mais demande à être convaincu. Il faut être solide car lui-même va au fond des choses.

 

Votre métier consiste à parler avec des gens qui ne sont pas d’accord avec vous. Mais parler avec Poutine ou avec Xi Jinping sert-il à quelque chose ?

La diplomatie, c’est comme la vie. Si l’on veut aboutir à un résultat avec quelqu’un, pour se défendre, se faire comprendre, et même pour le vaincre, la parole est indispensable. La vraie question est de savoir comment on se parle. Nous tenons la Chine pour un partenaire avec lequel il faut s’entendre sur l’essentiel – par exemple, le climat –, un concurrent dont il nous faut accepter le défi, un rival dont il faut nous faire respecter. Pour la Russie, c’est différent. Dans la situation actuelle, il faut un rapport de force favorable pour que la discussion avec Poutine produise des résultats. L’enjeu est de créer les conditions d’une conversation satisfaisante, c’est-à-dire qui respecte les intérêts de l’Ukraine et permette de ramener in fine une paix durable sur le continent européen.

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