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Revue de presse

Le surpoids, une question philosophique

Octave Larmagnac-Matheron publié le 14 janvier 2022 4 min

Philomag vous propose chaque semaine une sélection d’articles parus dans la presse française et étrangère, rassemblés autour d’une thématique commune. Des articles qui nous ont surpris, questionnés, dérangés. L’occasion de découvrir de nouveaux points de vue sur le monde et les événements qui font l’actualité. 

Cette semaine, une interrogation : entre épidémie d’obésité, culture des régimes et dénonciation de la « grossophobie » dans nos sociétés (et par exemple de la pratique du hogging, sorte de pari que se lancent les étudiants des fraternités américaines, qui consiste à coucher avec la fille la plus grosse), quelles questions le surpoids pose-t-il à la philosophie ?

 

Kate Manne : “Suivre un régime est la source d’un vrai tort moral”

« La culture du régime n’est pas saine. Elle est aussi immorale. » Le titre de l’essai publiée récemment par Kate Manne dans le New York Times a beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux. La philosophe australienne y tire à boulets rouges sur l’idéal « patriarcal » de maigreur et la grossophobie – qui n’est pas l’apanage des défilés de mode mais est particulièrement prégnante dans les milieux académiques – qu’elle a elle-même « internalisés ». Malsain, le surpoids ? Peut-être, mais « on ne doit à personne d’être sain ». Le vrai problème qui pèse sur les épaules des personnes rondes, c’est le discours moral qui associe l’obésité à une forme de vice, et qui conduit une grande partie des personnes en surpoids à se considérer comme responsables de leur état (ce qu’elles ne sont pas, en général). C’est cette culture qui est immorale, pas le surpoids : « Si suivre un régime est une pratique qui cause beaucoup de mal – sous forme de douleur, de souffrance, d’anxiété et de faim – et qui permet rarement d’atteindre la santé ou le bonheur annoncé, alors c’est une pratique moralement mauvaise », qu’il est urgent de condamner. 

 

Charlotte Curran : “Les gros sont les personnes les plus ouvertement stigmatisées”

La philosophe Charlotte Curran défendait une position très similaire à celle de Kate Manne dans un essai paru précédemment dans le magazine Philosophy Now : dans nos sociétés, « les personnes en bonne santé ou minces sont considérées comme moralement plus vertueuses que les personnes en mauvaise santé ou obèses. Lorsque l’attractivité et la santé physiques sont considérées comme des vertus, toutes les vertus qui pourraient, avec davantage d’effet, favoriser le bien-être d’un individu – l’amitié, la dignité ou l’honneur – sont sapées. S’il se trouve que la santé est une valeur importante pour un individu, elle n’a de sens que lorsqu’elle est le résultat d’une autodétermination, et non lorsqu’elle est la conséquence d’une déformation des désirs ou des goûts déformés » par des normes sociales. « Le système de croyances qui motive le fat shaming [« la honte d’être gros »] influence un système de valeurs faussé, qui conduit à restreindre la capacité des individus à déterminer leurs propres priorités dans la vie. » Une raison suffisante pour « refuser » la tyrannie de l’orthorexie. 

 

Rod Dreher : “Le patriarcat n’est pas responsable”

Le journaliste et éditorialiste Rod Dreher n’a pas tardé à réagir au texte de Manne, dans un article très virulent paru sur le site de The American Conservative. Comme il l’explique, considérer que le surpoids est une question qui ne regarde personne sinon le ou la principale intéressée, ou en faire une question métabolique presque indépendante des habitudes de consommation, c’est s’interdire de s’attaquer aux causes profondes de cette obésité, devenue une véritable épidémie aux États-Unis : la société de consommation, qui encourage l’humain à abandonner tout contrôle sur ses appétits et ses désirs. À ses yeux, les défenseurs de la « fat acceptance » (l’« acceptation des rondeurs ») « aident et encouragent la culture de consommation, qui nous pousse à considérer que nos désirs s’auto-légitiment. À qui profite la conviction que manger autant que l’on veut est moralement neutre, voire bon ? Les gens qui nous vendent ces choses. Les gens qui nous disent que nous n’irons pas bien si nous ne consommons plus. Nous avons reçu le don du libre arbitre, et c’est une très bonne chose d’apprendre à l’exercer pour exercer une domination sur nos appétits. »

 

Pour aller plus loin

  • Biologie, sociologie, économie… Le surpoids est une question multifactorielle, d’autant plus difficile à saisir qu’il est, comme le souligne le philosophe Olivier Abel sur son site, « un phénomène systémique » qui implique « tout un système de comportements, de facteurs alimentaires, de société réaménagée autour de la voiture et de la télé », etc. D’où « ce sentiment d’injustice : […] “pourquoi moi” ? »
  • Ce que notaient aussi, il y a quelques mois, les sociologues Arnaud Alessandrin et Marielle Toulze dans The Conversation : « Des personnes concernées par l’obésité ont intériorisé une culpabilité à ne pas savoir “se faire maigrir”, alors que leurs difficultés ne relèvent pas d’une simple volonté mais d’une pathologie complexe qui demande un accompagnement pluridisciplinaire ». 
  • Il est en tout cas urgent d’attirer l’attention sur ce que la sociologue Solenne Carof qualifie, dans son livre Grossophobie (Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2021), de « discrimination invisible ». 
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