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Édito

Le héros d’une ère avide

Alexandre Lacroix publié le 19 septembre 2012 2 min

Si, par hasard, vous vous aventurez dans Money, Money de Martin Amis, assurément l’un des meilleurs romans jamais écrits sur l’argent, vous ne saisirez pas tout de suite où l’auteur veut en venir ni quelle est sa thèse. Car vous êtes invité à suivre les pérégrinations d’un personnage antipathique, John Self. Réalisateur de films publicitaires, sur le point de réaliser son premier long-métrage, Self navigue à vue. Qu’il bulle dans sa chambre d’hôtel en regardant « La Roue de la fortune », qu’il fasse une visite au Monde du hamburger, engouffrant en une heure et demie « quatre Wallies, trois Blastfurters et un American Way, plus neuf bières », qu’il s’alcoolise violemment au champagne ou qu’il furète dans les rues à la recherche d’un bar à entraîneuses, John Self n’a aucun recul critique sur son comportement. Il est gros, bagarreur, égoïste, colérique ; il ne pratique aucun sport et ne réfléchit pas. L’instinct seul le guide. Il est insatiable de tout, alcool, nourriture, pornographie, en affaires et même en amour – car il se sent seul au monde et s’étonne que nul n’éprouve à son égard d’affection sincère. Il travaille peu, son seul loisir est la dépense sauvage. Au bout d’une centaine de pages à ce rythme, vous comprenez enfin : ce roman est une parabole. Certes, le personnage de Martin Amis est une aberration anthropologique, mais c’est aussi le produit logique d’une ère où plus rien ne vaut que l’argent. La richesse, qu’on peut accumuler en quantité illimitée, promet à qui la poursuit un nouveau paradis, celui de la jouissance infinie. John Self, comme son nom l’indique, n’est plus qu’un moi hypertrophié et gavé de plaisirs, mais sa déréliction est si totale, une telle vacuité le menace qu’il finit par s’effondrer nerveusement et se suicider. Ou par s’évaporer hors du récit. Car l’esprit de Self est aussi celui de notre temps. L’art de Martin Amis consiste à montrer sans juger, sans faire la morale. Comment le pourrait-il ? Amis est lui-même d’une cupidité légendaire ; il s’est rendu célèbre en Angleterre pour avoir décroché à l’époque le plus gros à-valoir jamais perçu dans le monde de l’édition – 500 000 livres sterling pour le manuscrit de L’Information – et se fait actuellement payer 3 000 livres de l’heure pour enseigner la littérature à l’université de Manchester. Oui, Martin Amis adore l’argent, ce qui explique sa lucidité : la thèse implicite de son roman est que la vénalité risque d’avoir raison de tous les interdits, de la discipline, du surmoi, sans lesquels les désirs inconscients déferlent et transforment l’existence en un chaos, une bouillie informe. Un vertige que pointait déjà Nietzsche dans un aphorisme célèbre d’Aurore : « Les moyens dont se sert le désir de puissance se sont transformés, mais le même volcan bouillonne toujours, l’impatience et l’amour démesuré réclament leurs victimes : et ce que l’on faisait autrefois pour l’amour de Dieu, on le fait maintenant pour l’amour de l’argent, c’est-à-dire pour l’amour de ce qui donne maintenant le sentiment de puissance le plus élevé et la bonne conscience. » 

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Article issu du magazine n°23 septembre 2008 Lire en ligne
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