Le cerveau au tableau
Des programmes scolaires inspirés par les neurosciences vont-ils permettre d’aider les enfants à retrouver des qualités d’attention, abîmées par les écrans ? Réponses avec les neuroscientifiques Stanislas Dehaene et Jean-Philippe Lachaux, la sociologue Marie Duru-Bellat et la philosophe Joëlle Proust.
À l’école du Bourg de Francheville (Rhône), les 28 élèves de la classe de CE2 de Stéphanie Léautier-Massire se racontent de drôles d’histoires : il est question de plusieurs héros, les Minimoi et les Maximoi, qui doivent s’organiser entre eux pour mener à bien leur mission, d’une poutre dont il ne faut surtout pas tomber, et de neurones aimants. Après leur avoir distribué ce qu’elle appelle une « grande consigne » (par exemple : « Avant de commencer le calcul mental sur le fichier, je dois… »), l’enseignante invite les enfants à travailler par petits groupes pour décomposer cette grande tâche en petites consignes implicites. Comme dans un jeu de rôle, chaque groupe d’élèves passe au tableau afin de partager ses résultats. Victoria incarne Maximoi et rappelle la grande consigne, suivie de ses camarades Olivia, Noa et Ethan, alias les Minimoi, qui la découpent en « sortir le fichier du casier », « sortir mon stylo », « ouvrir le cahier à la bonne page », « lire l’énoncé ». L’exercice semble bien rodé. Ce qui n’empêche pas Stéphanie Léautier-Massire de devoir de temps à autre s’assurer que l’attention de ses élèves ne se dissipe pas en lançant un « 1, 2, 3 contact ! », afin que tout le monde tourne bien le regard vers elle. À celui qui fait mine de trifouiller dans ses affaires en regardant ailleurs, elle lance : « Attention ! Tu es en train de tomber de ta poutre et de passer en mode marionnette ! » La poutre symbolise ici la concentration nécessaire à l’exercice, quand la marionnette vaut pour l’élève dont l’attention divague au gré de micro-événements – le voisin qui raconte une bonne blague, une mouche qui vole. Ses « neurones aimants » se sont fixés sur autre chose que le cours.
La concentration en jeu
C’est justement pour travailler leur concentration que ces élèves bénéficient du programme Atole (pour « ATtention à l’écOLE »), initié par le chercheur en neurosciences Jean-Philippe Lachaux. À raison d’un atelier de vingt minutes par semaine, les enfants prennent peu à peu conscience des mécanismes qui rendent leur attention parfois flottante au cours d’une journée d’école, tout en apprenant quelques rudiments du fonctionnement du cerveau. « De rentrée des classes en rentrée des classes, j’ai remarqué qu’il était de plus en plus difficile pour les élèves de soutenir leur attention », justifie Stéphanie Léautier-Massire qui applique le programme Atole depuis deux ans dans sa classe, la seule de l’école à en bénéficier. « Leur répéter sans cesse “concentre-toi !” ne sert à rien, Atole est une solution plus constructive », explique-t-elle, dans la mesure où il s’agit de « donner des outils aux élèves et de mettre des mots sur des mécanismes inconscients ». L’enseignante se dit ravie des résultats, confie avoir le sentiment de « créer une relation privilégiée avec les élèves » qui a pour but de les faire « gagner en autonomie ».
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