Las Vegas globalisée
Avec ses 54 000 mètres carrés de panneaux LED, la façade de The Sphere, salle de spectacle globiforme inaugurée le 4 septembre à Las Vegas, est désormais le plus grand écran au monde. On peine à comprendre l’utilité de ce projet hors norme à 2 milliards de dollars si l’on ne saisit pas la singularité de l’espace urbain où elle se dresse. Las Vegas, comme le souligne Jean Baudrillard, n’est pas une ville comme les autres. Il n’y a qu’à la voir, note le philosophe dans Amérique (1986), surgir « dans ses lumières phosphorescentes, à la tombée du jour, et retourner, après avoir épuisé toute la nuit son intense énergie superficielle […], au désert quand le jour se lève ». Las Vegas se tient à la limite de la réalité ; elle « peut s’évanouir à chaque instant ». La ville est comme un « mirage », un amoncellement d’images, de signes, de messages lumineux et arbitraires qui composent un « simulacre perpétuel ». Dans Simulacres et Simulation (1981), Baudrillard précise : la publicité n’est plus ce qui « décore les murs, elle est ce qui efface […] toute l’architecture ». Cette « résorption de tout en surface » produit une sorte d’« euphorie stupéfiée […] qui est la forme vide et sans appel de la séduction ». Vous aviez réussi, un instant, à décrocher de votre portable ? Vous voilà capturé par un nouveau signe : l’impression de changement, entre l’intimité du smartphone et le caractère monumental des panneaux, dissimule le cloisonnement dans un même monde de simulacres. The Sphere participe pleinement de ce reflux du réel.
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