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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Emmanuel Polanco pour PM

Lexique

L’âme déshabillée

Jean-François Balaudé publié le 19 janvier 2012 8 min

Flânant dans les rues d’Athènes, Socrate mène une enquête sans concession sur ses concitoyens. Avec une ironie féroce et un art redoutable de la réfutation, il traque les évidences, abat leurs assurances et les engage à se préoccuper uniquement du bien.

Ironie

« Enseigne-moi sans faute ce qu’est le beau en lui-même, dit Socrate à Hippias. Tu connais bien le sujet, la chose est claire, et j’imagine que c’est un sujet d’enseignement de faible dimension dans l’ensemble abondant des savoirs que tu possèdes » (Hippias majeur). La suite montrera pourtant que Socrate ne se satisfait pas aisément des réponses du grand sophiste, qui définit la beauté en prenant l’exemple trivial d’une jolie fille… Quel que soit leur statut, Socrate manie sans cesse l’ironie à l’égard des hommes auxquels il s’adresse. Il a indisposé de la sorte nombre d’Athéniens : celui qui usait d’ironie (l’eirôn) était pour eux un homme fourbe et dissimulateur. De fait, les adversaires de Socrate ont vu beaucoup de malice dans sa manière de questionner, au point que, souvent, raconte Diogène Laërce, « on lui répondait à coups de poing et en lui tirant les cheveux » (Vies et Doctrines des philosophes illustres). Corrosive, l’ironie de Socrate n’est pourtant pas gratuite. Par elle, il ne vise pas à tromper ou à se moquer ; il admet et remet simultanément en question les prétentions au savoir de ses interlocuteurs. Le prêtre est réputé compétent en matière de piété, les sophistes en matière de savoir politique ou de savoir tout court ? Se feignant lui-même ignorant, candide, Socrate montre qu’en réalité ils ne savent rien, car ils ne parviennent pas à expliquer ce que c’est d’être pieux ou savant. L’ironie socratique fait entrer l’interlocuteur dans le jeu d’un dialogue qui tourne vite en spirale. L’enjeu de la discussion est moins la transmission d’une vérité que le test d’une compétence supposée. Celle-ci, reconnue en première approche, se trouve mise en cause l’instant d’après, au moyen d’une réplique souvent assassine. L’ironie introduit ainsi une mise à distance critique perpétuelle et déboulonne toutes les certitudes ancrées.

 

Maïeutique

L’art d’« accoucher les esprits », la maïeutique, passe pour l’un des traits les plus fameux du personnage de Socrate, qui déclare dans le Théétète : « Je suis le fils d’une sage-femme […] et n’as-tu pas entendu dire que je pratique le même métier ? […] Mon art d’accoucher à moi a les mêmes propriétés que celui des sages-femmes, mais il en diffère en ce que ce sont des hommes et non des femmes qu’il accouche ; en ce que, en outre, c’est sur l’enfantement de leurs âmes, et non de leur corps, que porte son examen. » N’aurait-on pas là, cependant, une jolie fable forgée par le seul Platon ? Très probablement : la mise en œuvre de la maïeutique suppose la plus ou moins grande fécondité des uns et la stérilité des autres. Elle traduit donc une vision élitaire de l’humanité, comme celle adoptée par le disciple le plus célèbre de Socrate… et en porte-à-faux avec la conviction de celui-ci, pour qui chacun peut en droit entreprendre de réformer son mode de vie. Même si le Socrate du Théétète explique que les fruits enfantés au cours du dialogue « ne sont finalement que du vent et ne méritent pas qu’on les élève », il appelle aussitôt après à donner naissance à d’autres pensées « qui auront plus de valeur » – ce Socrate-là est décidément tourné vers la science et une certaine forme d’aristocratisme et d’idéalisme. En un mot, il sent son Platon !

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Article issu du magazine n°56 janvier 2012 Lire en ligne
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