Laisser place à l’improvisation
S’il est important de mémoriser son discours, l’orateur doit rester ouvert à l’imprévu. Peut-être sera-t-il interrompu par quelqu’un dans l’auditoire ? Impossible à savoir à l’avance. Tenir un discours implique de rester ouvert à ce qui se passe à chaud, au moment de l’intervention. Sans cette capacité à rebondir, si l’orateur s’en tient à réciter mécaniquement ce qu’il a préparé, le discours manquera sans doute son but. Bref, il est essentiel de cultiver l’art de l’improvisation, de la repartie, qui confère à la performance sa vivacité. Mais, précisément, l’improvisation… ne s’improvise pas, contrairement à ce que l’on croit ! C’est à condition d’avoir parfaitement en tête ce que l’on veut dire sans s’y cramponner que le rhéteur pourra réagir à propos.
Eugène Paignon
« Si vous allez réciter, pauvre naufragé de la veille, si au lieu de vous abandonner bravement aux périlleux hasards de l’improvisation, vous semblez réciter une oraison péniblement apprise, que pensera-t-on de vous ? […] Votre facilité elle-même vous trahira, et il est d’ailleurs un cachet particulier qui s’imprime aux produits instantanés de l’improvisation. […] Apprenez donc à improviser ; il est impossible de vous soustraire à cette nécessité. »
Éloquence et Improvisation (1846).
De Porquier
« La Bruyère émettait le vœu [qu’on] fît usage de l’improvisation, mais d’une improvisation préparée, élaborée par des réflexions profondes sur la substance et le plan de l’objet que l’on veut traiter. D’ailleurs, on ne peut disconvenir que l’improvisation ne soit nécessaire dans quelques circonstances : c’est lorsque le souvenir des pensées écrites vient à faillir, ou lorsque, pour l’intérêt et l’urgence de la cause, il faut saisir aussitôt la réponse, ainsi qu’il arrive au barreau ou à la tribune politique ; ou lorsque, pour d’autres motifs, on est contraint sur-le-champ à la parole. En regard de toutes ces conjonctures, on ne saurait rien omettre des préparations générales et immédiates, que nous venons de réclamer en faveur de l’improvisation. »
Éléments d’éloquence (1862).
Winston Churchill
« Un discours improvisé a été réécrit trois fois. »
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