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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Revue de presse

L’actualité des idées

Octave Larmagnac-Matheron publié le 02 octobre 2020 6 min

Philomag vous propose chaque semaine une sélection d’articles parus dans la presse française et étrangère. Des articles qui nous ont surpris, questionnés, dérangés. L’occasion de découvrir de nouveaux points de vue sur le monde et les événements qui font l’actualité.

Au programme, cette semaine : un plaidoyer pour un islam humaniste, une interprétation de la dépression comme réponse évolutive à l’adversité, une réflexion sur la transgression des règles, une analyse du Covid-19 à la lumière du VIH et une ode à l’Héliocène. 

 

  • « L’islam sera humain ou ne sera plus » : dans une tribune publiée sur le site Mizane, le linguiste et écrivain Mohamed Bajrafil brosse les contours d’un Islam ouvert sur le monde, « dans un contexte délicat, marqué plus que jamais par la montée des intolérances et de la violence morale et physique. » Comment concilier des siècles d’héritage et les réalités du monde contemporains ? Tout dépend de quel héritage il s’agit. « Certains, faisant grand bruit, parce que convaincus d’être les vrais musulmans et, surtout, les seuls gardiens de la religion » ne se réfèrent pas tant au Coran qu’à des commentaires postérieurs, « écrits il y a autre cents ans », pour justifier l’obligation passéiste de ne pas s’adapter, de « figer la vie ». « Le pire est que le Coran s’est efforcé, à plusieurs reprises, à remettre en cause l’autorité acquise par le temps » : ainsi, à ceux qui prétendent « suivre la coutume de [leurs] pères », le Coran répond : « Et si leurs pères ne savaient pas raisonner et n’étaient pas bien guidés ? » Et Bajrafil de conclure : « Plus nous serons humains, plus nous aurons des chances d’être musulmans. »

Pourquoi c’est intéressant ? Parce que la tribune de Bajrafil met en évidence que la religion musulmane est tout sauf un bloc monolithique : elle est traversée de conflits, de divergences d’interprétations, d’oppositions. Une approche salutaire qui fraye une voie entre fidélité à la tradition et esprit critique.

 

  • Dépression, angoisses chroniques et autres formes d’anxiété généralisée sont-elles des maladies, comme l’affirme en général la psychiatrie ? Rien n’est moins sûr, selon Kristen Syme et Edward H. Hagen, auteurs d’un essai dans Psyche (en anglais). Pour les deux anthropologues évolutionnistes, il s’agit en fait surtout de « réponses évolutives à l’adversité » d’un environnement, d’un monde devenu invivable pour bien des hommes. Selon Syme et Hagen, « la peur, l’anxiété, la tristesse et la mauvaise humeur sont des formes de douleur psychologique qui remplissent probablement des fonctions analogues à la douleur physique – informer l’organisme qu’il subit des dommages, l’aider à échapper ou atténuer les dommages. » La dépression n’est d’ailleurs pas une spécificité du monde contemporain. Ce qui est nouveau, aujourd’hui, c’est précisément la manière de la traiter comme une maladie et non plus, comme le faisaient les « guérisseurs » d’antan, en s’efforçant de « résoudre les tensions sociales » qui en sont la cause. 

Pourquoi ça vaut le détour ? Parce que Syme et Hagen ouvrent la voie à un discours nouveau sur les « maladies mentales. » Un discours qui suscite encore, selon eux, une hostilité extrême dans les milieux psychiatriques, mais qui pourrait permettre d’inventer de nouvelles manières de prendre en charge la détresse psychique. Une nécessité, à une époque où nous n’avons jamais pris autant d’anxiolytiques et d’antidépresseurs ?

 

  • Nous avons besoin de règles. Cependant, respecter (trop) scrupuleusement les normes sociales et même les lois n’est pas toujours une bonne chose – seul un rigoriste obtus, inattentif au réel, pourrait dire le contraire. Tout la question est justement de déterminer dans quelles circonstances la transgression est permise (voire moralement nécessaire). C’est ce à quoi s’emploie le philosophe américain Steven Nadler dans un essai paru sur Aeon (en anglais). À ses yeux, « nous abandonnons une bonne partie de nos responsabilités en tant qu’agents moraux si nous faisons dépendre toutes nos décisions aux règles ». Il existe donc un bon usage de la transgression, un usage qui stimule notre sens moral – là où nous avons en général tendance, par confort, à nous en remettre à des normes extérieures pour déterminer comment agir. Cultiver ce sens moral est une nécessité, car, dans bien des situations, il n’y a pas de « règle disponible » pour nous orienter. Nous n’avons alors d’autre choix que de nous en remettre à notre « intuition ».

Pourquoi on vous le conseille ? Parce que nous sommes tous tentés, un jour ou l’autre, de transgresser certaines règles, pour de bonnes ou de mauvaises raison – particulièrement en ces temps de restrictions liées au Covid-19. Mieux vaut, alors, avoir quelques éléments de réponses pour nous décider ! Nadler aborde justement cette question épineuse à partir de nombreux exemple concrets - et souvent personnels - qui rendent le propos particulièrement vivant. 

 

  • « L[e] Covid-19 est le nouveau sida des hétérosexuels, des Blancs, et des normaux. Le masque est le préservatif des masses. » Pour sa première chronique hebdomadaire sur Mediapart, le philosophe Paul B. Preciado attaque fort. Avec la propagation du VIH dans les années 1980, la « gestion nécropolitique » de la « vulnérabilité […] et de la mort » était « [réservée] aux pédés, aux peuples des ex-colonies, aux Noirs, aux trans, aux travailleuses et travailleurs du sexe, aux junkies. » Une minorité. Tout a changé, selon le philosophe, avec le coronavirus, qui a atteint l’ensemble des humains, et a pénétré jusqu’au coeur du pouvoir. Les « conditions de précarisation et de contrôle se sont étalées […] à la totalité de la population mondiale », à la totalité des corps. « Notre condition de précarité et d’expropriation, d’incarcération ou d’exil, de soumission et de dépossession de nos vies, s’est généralisée. » Ce qui n’était qu’une minorité s’approche désormais de la « masse critique » et annonce, pour Preciado, ce qui sera peut-être « la plus grande révolution de l’histoire. » Un appel ardent dont on peut se demander, tout de même, s’il n’est pas un peu décalé par rapport à la réalité morose du monde. 

Pourquoi ça nous interpelle ? Au-delà de la verve de Preciado – qui peut aussi bien agacer qu’enthousiasmer –, le philosophe tire un bilan singulier de la pandémie mondiale de Covid-19 : plus que jamais, nous réalisons collectivement que nos corps sont vulnérables. C’est sur cette base que doit se fonder la politique de demain. 

 

  • Nous sommes entrés dans une nouvelle ère géologique : l’Anthropocène. Mais quelle sera l’ère suivante ? De nombreux termes ont été proposés pour qualifier cette nouvelle époque qui, déjà, mature au coeur de notre présent : Pyrocène, l’âge du feu ; Plasticène, l’âge du plastique ; Homogénocène, l’âge de l’homogénéité ; ou encore Myxocène, l’âge de l’invasion des méduses océaniques. « Bien que tous ces termes contiennent une part de vérité et des avertissements, ils évoquent aussi l’image de ce qui pourrait arriver de pire », souligne la paléo-océanographe Summer Praetorius dans Nautilus. Et d’ajouter que « nous devrions reconsidérer le nom que nous donnons à notre avenir, avant que celui-ci ne soit gravé dans le marbre », car la manière dont nous nommons les choses conditionne notre manière d’agir. Summer propose un autre terme, teinté d’optimisme : l’Héliocène, l’âge du Soleil. « Chaque année, le Soleil diffuse vers la Terre cinq mille fois nos besoins énergétiques. Notre défi consiste à trouver comment construire des réceptacles assez grands » pour emmagasiner cette puissance « en temps réel » – plutôt que d’exploiter la « lumière solaire passée », dont l’énergie est entreposée dans les dépouilles végétales devenues pétrole ou charbon. L’avènement de « cellules solaires » techniques pourrait bien constituer une rupture aussi importante que l’apparition de la photosynthèse végétale, sur laquelle se fonde toutes les logiques énergétiques depuis l’apparition de la vie.

Pourquoi c’est stimulant ? Parce que l’engagement de Summer témoigne de ce que la science n’est pas un exercice neutre de la pensée, détaché des problématiques sociales et politiques. Le discours scientifique doit nous aider à construire l’avenir. Un avenir fondé sur « notre dépendance à l’égard du système Terre, et non notre domination de celui-ci. »

Paralipomena 

◉ C’est la tempête Geoffroy qui a soufflé mercredi matin au micro de France Inter : « Le respect de la loi n’est pas une catégorie pertinente pour moi, la question c’est la justice et la pureté », a déclaré le sociologue Geoffroy de Lagasnerie. ◉ « Il faut rappeler que c’est une politique de classe, cette politique sanitaire », a déploré le philosophe Pierre Zaoui mercredi dans « À l’air libre » sur Mediapart. « Pour les riches, il n’y a pas de problème, ils boiront chez eux, ils ont de grands appartements. Le problème, c’est les pauvres. » Encore qu’un peu de sobriété ne ferait de mal à personne. ◉

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