“La plus géniale, c’était elle !” L’artiste Etel Adnan vue par Yves Michaud
Alors qu’il fait paraître trois ouvrages de et sur Etel Adnan, le philosophe Yves Michaud nous fait découvrir, en spécialiste d’esthétique et amateur d’art, l’œuvre de cette peintre, poète et philosophe de renommée internationale… pourtant curieusement méconnue en France !
Vous avez supervisé trois publications de et sur Etel Adnan. Pouvez-vous nous présenter ces ouvrages ?
Yves Michaud : Trois livres paraissent chez Gallimard, que j’ai édités : une anthologie de ses poésies sur cinquante ans, écrites entre 1947 et 1997. J’ai collecté ce recueil entre 2020 et 2021, en plein confinement. J’ai aussi été à l’origine de la réédition d’un récit écrit en 1976, au moment de la guerre civile libanaise : Sitt Marie-Rose. Enfin, j’ai rédigé un court essai sur sa poésie, sa peinture et sa philosophie d’inspiration présocratique.
Quel a été votre lien avec elle ?
Avant 2016, je ne la connaissais pas ! Puis il y a eu une exposition de quelques-uns de ses tableaux à l’Institut du monde arabe, qui m’ont impressionné. J’ai écrit un petit texte, comme je le fais souvent, dont elle a pris connaissance et était très contente. Il se trouve que nous habitions à quelques centaines de mètres, et il s’est noué entre nous une amitié. On s’est vu très souvent. Cela me plaisait d’échanger avec elle, non seulement parce qu’elle s’y connaissait en philosophie et en politique, mais aussi parce qu’elle était une conteuse fabuleuse, à la vie invraisemblable. De fil en aiguille, je me suis aperçu qu’elle avait une œuvre poétique importante et très renommée aux États-Unis. Ce n’était pas le cas en France, et cette différence m’a intrigué. Sa poésie est forte, parfois violente, très engagée politiquement. Elle a, par exemple, écrit trois poèmes d’apocalypse, politiques, liés au Moyen-Orient, dont Jébu qui évoque la violence de la guerre des Six-Jours et de la reprise partielle de Jérusalem par les troupes israéliennes, en 1967. Je me suis difficilement procuré ces poèmes dispersés partout, dont elle n’avait plus trop la trace dans ses papiers. Elle ne concédait jamais de droit, mais elle autorisait la reproduction. Elle utilisait les mots comme des signes, comme des objets ou des projectiles. Elle a ainsi écrit une étonnante Marche funèbre pour le premier cosmonaute, quand Youri Gagarine est mort. J’ai traduit une partie des poèmes américains, qui ne demandent surtout pas une traduction « poétique » – c’est leur qualité. J’ai tout revu avec Simone Fattal, sa compagne. Cette anthologie lui rend hommage.
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