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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Théodore Gudin (1802-1880), “Tempête sur les côtes de Belle-Île”, 1851. Huile sur toile, 132 x 203 cm, musée des Beaux-Arts de Quimper. © musée des Beaux-Arts de Quimper

Exposition

La mer se déchaîne au musée de la Vie romantique

Octave Larmagnac-Matheron publié le 29 mai 2021 3 min

Courbet, Géricault, Turner : nombreux sont les peintres, romantiques en particulier, à s’être emparés du motif de la tempête. Le musée de la Vie romantique leur consacre, aujourd’hui, une exposition, Tempêtes et Naufrages. « Ce véritable spectacle des éléments déchaînés dévoile aussi toute une palette de sentiments exacerbés comme la terreur, le courage ou l’admiration devant la force et la beauté de la nature », souligne la commissaire Gaëlle Rio. Notre rapport aux tempêtes est ambigu : celles-ci nous effraient et nous fascinent en même temps. C’est la caractéristique du sublime, expliquait Emmanuel Kant !

 

  • Tempêtes, cyclones, tornades… Kant partageait le goût de ses contemporains pour le déchaînement des forces de la nature. « Tandis que la foudre sublime / Planait tout en feu sur l’abîme, / Nous chantions, hardis matelots, / La laissant passer sur nos têtes, / Et, comme l’oiseau des tempêtes, / Tremper ses ailes dans les flots », chantera Victor Hugo. Dans la Critique de la faculté de juger (1790), consacré en grande partie au sentiment esthétique, le philosophe de Königsberg s’efforce justement de comprendre pourquoi nous sommes fascinés par ces phénomènes élémentaires qui, par ailleurs, nous terrifient – pourquoi « leur spectacle est d’autant plus attirant qu’il est effrayant ». Sa réponse tient en un mot : « sublime ».
  • « Des nuages orageux s’accumulant dans le ciel et s’avançant dans les éclairs et les coups de tonnerre, […] des ouragans que suit la dévastation, l’océan immense soulevé de fureur, […] etc., ce sont là des choses qui réduisent à quelque chose de dérisoire notre pouvoir de résister, en comparaison de la force dont ces phénomènes font preuve », écrit Kant. La fureur de la nature est une menace vitale contre laquelle nous ne pouvons rien. Elle nous rappelle notre petitesse, notre fragilité, notre impuissance : « La force irrésistible de la nature nous fait assurément connaître notre faiblesse physique. »
  • Cependant, pour peu que « nous nous trouvions en sécurité », que notre survie ne soit pas en jeu, que nous nous tenions à distance de la scène du drame – physiquement ou symboliquement, devant un tableau par exemple –, notre rapport à la colère de la nature change. Nous découvrons, au fond de nous-mêmes, « un pouvoir de résistance d’un tout autre genre, pouvoir qui nous donne le courage de nous mesurer avec l’apparente toute-puissance de la nature » : « une faculté nous portant à nous juger comme indépendants par rapport à la nature, et une supériorité sur elle. »
  • L’homme est, sans doute, vaincu par nature sur le plan des corps. Mais il possède le privilège de l’esprit, de la raison et de la morale, auquel la nature ne peut « porter atteinte » et qu’elle ne peut « mettre en danger ». Sa surpuissance aveugle est insignifiante face à l’infinité de notre dignité d’être pensant, recroquevillée dans une infime parcelle de matière. La nature n’est pas, en dépit de sa grandeur, « une puissance devant laquelle nous aurions à nous incliner », contrairement à l’homme, auquel nous devons le respect parce qu’il est homme. « L’humanité dans notre personne demeure non abaissée, quand bien même l’homme devrait succomber devant la puissance » des éléments.
  • Ce n’est donc pas la nature elle-même qui est sublime : le sublime est sub-limen, au-dessus du seuil, qui touche à la limite : il nous met en contact avec l’infini. Et le seul infini, en ce monde, c’est cette « force inscrite en nous » que nous découvrons lorsque les mers, le ciel et la terre se déchaînent. Nous renouons, dans le sublime, avec le bien qui fait la valeur absolue de notre existence : non pas « la santé et la vie », que nous devons accepter de sacrifier, mais la faculté inviolable de penser.

 

Inaugurée le 19 mai, l’exposition Tempêtes et Naufrages. De Vernet à Courbet se tiendra jusqu’au 12 septembre 2021 au musée de la Vie romantique, à Paris. Billetterie et informations complémentaires sur le site officiel du musée.

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