La maison hantée de l’esprit
Mystique, voire franchement illuminé : c’est ainsi que Bergson s’est vu qualifié pour sa conception de la mémoire comme conservation intégrale du passé. Pourtant, chaque nuit, nos rêves nous dévoilent toute l’étendue des souvenirs que nous laissons de côté lorsque nous sommes éveillés.
En 1901, l’auteur de Matière et Mémoire consacre à la question du rêve une conférence à l’Institut général psychologique, une société scientifique spécialisée dans les phénomènes paranormaux comme la télépathie ou le spiritisme. Pour tenir son public en haleine, le philosophe compare l’esprit à une maison hantée par des « souvenirs-fantômes ». Sous les pièces éclairées par la conscience, explique-t-il, se cachent d’immenses et profonds soubassements, dans lesquels les souvenirs « sont à l’état de fantômes invisibles ». Une scène bien étrange se joue dès qu’on s’endort et que notre attention se relâche : les « souvenirs-fantômes » se mettent à « soulever la trappe qui les maintenait dans le sous-sol de la conscience » ; jusqu’alors figés dans les tréfonds obscurs de la mémoire, « ils se lèvent, ils s’agitent, ils exécutent, dans la nuit de l’inconscient, une immense danse macabre ».
On peut résumer d’un mot la leçon principale de Bergson à propos de la mémoire. C’est que la mémoire n’est jamais seulement la mémoire de quelque chose, mais aussi la mémoire de quelqu’un.
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