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La comédienne Aïssa Maïga lors de la 45e cérémonie des César à la salle Pleyel, à Paris, en février 2020 © Piroschka van de Wouw/Reuters

La ligne rouge a bougé

Martin Legros publié le 18 mars 2020 9 min

L’idée de race semble morte… Et pourtant, le racisme perdure. Comment expliquer ce paradoxe ? Par le retour assumé des « identités » dans l’espace public. Mais alors, que faire pour éviter le choc ? Que l’on soit attaché à l’universalisme républicain ou aux luttes communautaires, tout l’enjeu est de ne jamais reconduire la mécanique de l’offense et du mépris.

« Je vais vous faire une confidence. À chaque fois que je me retrouve dans une grande réunion du métier, je ne peux pas m’empêcher de compter le nombre de Noirs dans la salle. J’ai toujours pu compter sur les doigts d’une main le nombre de non-Blancs. Je sais qu’on est en France et qu’on n’a pas le droit de compter. Mais on est douze… » Ainsi s’exprimait la comédienne Aïssa Maïga lors de la 45e cérémonie des César à la salle Pleyel, à Paris, au mois de février dernier (photo). « Compter les Noirs » ? La formule a suscité le malaise dans un pays qui prohibe le recensement ethnique depuis le régime de Vichy. Certes, il ne s’agissait pas de stigmatiser les personnes de couleur mais d’interpeller la « famille » du cinéma sur son manque de diversité et de lancer un appel en vue d’une société « plus inclusive ». Mais quand on se met à dénombrer en public un groupe sur la base de la couleur de peau et qu’on le dresse contre les autres, n’est-ce pas le début du racisme ? « C’est maladroit, me répond ma femme, Martiniquaise, à qui je fais part de mon trouble. Et cela ne devrait pas exister dans un dispositif politique républicain. Mais cela n’a rien de raciste. » Pourquoi ? « Quand je suis hors des zones de confort où je vis et où existe un brassage cosmopolite, je me mets, moi aussi, à compter. Parce que je me sens seule. Quand j’étais à l’école dans le XVe arrondissement, j’étais la seule Noire de ma classe. Quand j’ai commencé à enseigner l’histoire, j’ai longtemps été la seule prof noire. Quand je vais au musée avec mes enfants, je suis souvent la seule Noire. Cette solitude face aux autres me renvoie l’idée que je suis une étrangère dans mon propre pays. Et je suis convaincue qu’il n’y a pas un Noir, pas un Arabe, pas un Chinois de France qui n’ait éprouvé ce sentiment dans une situation pareille et qui ne se soit mis, lui aussi, à compter. »

 

Un trouble généralisé

Nous ne savons plus vraiment où passe la ligne rouge du racisme. Et le conflit n’oppose plus seulement des racistes et des antiracistes. Il divise chacun d’entre nous, nous confrontant à un débat intérieur incessant. Pour quelqu’un comme moi qui ai grandi dans les années 1980 – au moment où nous nous engagions, le badge « Touche pas à mon pote » de SOS Racisme épinglé sur nos vestes en jeans, dans les manifestations contre l’apartheid en Afrique du Sud –, l’idée de revenir sur la tradition républicaine et universaliste pour faire place aux identités raciales paraît une aberration. Mais, en défendant cette position, ne suis-je pas en train de bénéficier de mon statut de « mâle blanc » évoluant dans un monde où son identité se confond avec l’universel ? À l’inverse, quand ma femme, professeure d’histoire née en France de parents noirs, accepte la perspective que chacun puisse parler « en tant que » Juif, Noir, Arabe, Blanc ou femme, ne bascule-t-elle pas dans une forme de séparatisme qui enferme chacun dans les opinions et les stéréotypes de sa communauté ? 

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