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Josephine Baker. © Bridgeman images

Le sens de l’histoire

Joséphine Baker au Panthéon : un peu de terre et un symbole

Marie Denieuil publié le 30 novembre 2021 3 min

Aujourd’hui à 17h30, la singulière Joséphine Baker fait son entrée au Panthéon dans un cercueil aux couleurs de la France. Le monde honore la mémoire de l’héroïne aux multiples facettes née en 1906 : parente de douze enfants adoptés sur toute la surface du globe, figure du music-hall et de la résistance, du combat antiraciste et de l’émancipation féminine, cassant tant les codes du noir que du blanc : la liste est longue. Pourtant, drôle de nouvelle, son cercueil sera… vide.

 

  • Si sa dépouille restera au cimetière marin de Monaco, où elle est enterrée aux côtés d’un de ses enfants et de son dernier mari, son cercueil, lui, est en réalité rempli d’une terre censée la représenter. Pas n’importe laquelle, donc : une terre venue des quatre lieux qui symbolisent sa vie. De Saint-Louis dans le Missouri où elle est née, de Dordogne où elle a vécu, de Paris qui fut son amour et de Monaco où elle est enterrée. C’est là toute la force du symbole, qui tient lieu de réalité lorsque celle-ci est absente. En ce sens, qu’est-ce qu’un symbole et que nous apprend-il ?
  • Il y a trois symboles en jeu dans cette cérémonie : la panthéonisation d’une héroïne cosmopolite dans une société en proie à des remontées de nationalisme identitaire, le Panthéon lui-même, et la terre dans le cercueil vide. On connaît l’origine grecque du terme du verbe sumbállô (συμβάλλω) littéralement « jeter ensemble », qui renvoie aux deux parties d’un objet coupé en deux, conservées respectivement par leurs hôtes pour signifier leur engagement antérieur. Concrètement, le symbole est là pour rappeler une réalité qui ne va pas de soi, comme une piqûre de rappel, et pour incarner une idée abstraite, un engagement ou une valeur morale.
  • Dans Le Discours et le Symbole (1962), le philosophe Edmond Ortigues mesure son efficacité à sa capacité d’« introduire quelque chose de plus que la vie ». Ce peut être « un serment, un pacte, une loi sacrée qui fait paraître la mort, la finitude et la conscience de la faute, non pas comme accidentelles, mais comme essentielles à la dignité ou à la singularité élective d’une destinée humaine ». Il y a dans le symbole un supplément d’âme qui traduit des valeurs personnelles, collectives, voire politiques et nationales. Il est aussi lié à l’imaginaire, cette faculté qu’a l’homme de forger son identité à partir des images extérieures qu’il reçoit, assume et assimile, pour se transformer.
  • Le symbole ici est clair : le président Macron fait entrer au Panthéon français des valeurs, et non pas un corps. Il fait entrer un symbole, et non pas la mort. Par son vécu et son engagement, Joséphine Baker devient le symbole vivant de la liberté et de l’émancipation, de la lutte contre les discriminations de tout ordre, le jour même de l’annonce de la candidature d’Éric Zemmour à la présidence de la République. Il traduit aussi une lutte sous-jacente de pouvoir, un conflit de valeurs entre les éventuels candidats à l’élection présidentielle, par la tentative de maîtriser l’univers des signes dont se compose notre réalité. Car la force du symbole parle tout autant de la chose signifiée (Joséphine Baker) que de celui qui la défend (le président de la République, représentant de la France).
  • Quant au symbole de la terre dans le cercueil, il est à la fois existentiel et politique. S’il nous rappelle humblement notre condition de mortel et le mot de l’Ecclésiaste (12:7) « La poussière retourne à la terre d’où elle vient », le mélange de la terre traduit aussi l’idée d’une ouverture à la diversité des lieux et des cultures propre à l’identité multiple, là où le symbole de la terre est souvent l’apanage des forces conservatrices et du repli national. La terre en lieu et place du corps ? Un symbole de vie, un symbole plus fort que la mort. 
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