Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

© Manuel Braun pour PM

Nécrologie

Jean Starobinski, mort du dernier des encyclopédistes 

Cédric Enjalbert publié le 06 mars 2019 3 min
Historien des idées et de la littérature mondialement reconnu, esprit enjoué, féru d’opéra et de spectacles, Jean Starobinski est mort le lundi 4 mars à l’âge de 98 ans. 

« L’individu ne respire librement qu’au moment où il ne peut plus être rejoint », écrit Starobinski dans L’Encre de la mélancolie (Seuil, 2012). Ce « médecin du savoir », érudit polyglotte et amical, spécialiste de Rousseau, vient de mourir à Génève à l’âge de 98 ans.

Né en 1920 à Genève de parents polonais russophones et francophiles, versés dans la culture allemande, il étudie les lettres à l’Université, puis fait son internat de médecine à la Clinique thérapeutique des Hôpitaux universitaires de Genève, devenant psychiatre autant qu’historien de la littérature. 

« Je suis souvent considéré comme un médecin défroqué, explique-t-il dans un entretien en 2014, passé à la critique et à l’histoire littéraires. En fait, mes activités furent constamment entremêlées. Un projet de thèse sur les ennemis des masques (Montaigne, La Rochefoucauld, Rousseau et Stendhal) était en cours tandis que j’apprenais, en médecine, à ausculter, percuter, radioscoper. Quand j’enseignais la littérature française à l’université Johns-Hopkins, à Baltimore, je continuais ma formation psychiatrique à l’hôpital de l’université. Je n’ai cessé de pratiquer une sorte de comparatisme entre l’approche littéraire et l’approche médicale. Comment les dissocier quand vous vous intéressez à la souffrance psychique ? »

 

La relation critique

C’est ainsi que, formé à la critique littéraire à l’École de Genève, à l’instar de Georges Poulet, Albert Thibaudet, Marcel Raymond, Albert Béguin ou Jean Rousset, il fonde sa méthodologie sur une approche subjective et non structuraliste de la littérature, liant la stylistique, l'histoire des idées et la psychanalyse. Il décrit cette méthode dans La Relation critique (Gallimard, 1970 ; rééd. Tel, 2000) et s’en explique dans un entretien accordé au journal suisse Le Temps : « Porter une attention critique sur un texte, en établir une édition critique, pour un historien de la littérature, ce n’est pas le juger; c’est revenir à ses brouillons, s’ils existent, relever ses différents états successifs, en signaler l’accueil par le public et les pouvoirs politiques, écouter ses contradicteurs ».

Interrogé sur cette approche « empathique » à l’occasion d’un long entretien pour Philosophie magazine, Jean Starobinski répond avoir « le souci de percevoir ce qui s’offre à nous. Il faut s’oublier soi-même dans une perception, qui est d’abord spontanée, mais qui peut s’accroître par un déchiffrement plus complet. Ce déchiffrement nous met en présence d’une réalité accrue, de quelque chose à quoi l’on peut attribuer le qualificatif de vérité accrue. La perception accrue est ce à quoi je me sens redevable quand j’explique un texte. »

Cette quête de la « vérité accrue » traverse ses essais, notamment celui consacré à Jean-Jacques Rousseau, La Transparence et l’Obstacle (Plon, 1957), issu de sa thèse de littérature. Il y expose sa théorie du masque, selon laquelle la quête de la transparence chez Rousseau rencontre toujours les obstacles du jeu social. 

 

Mélancolie généreuse

Il écrit dans L’Encre de la mélancolie : « Nous vivons des passions dont les mots nous précèdent et que nous n’aurions pas éprouvées sans eux. » Cette conviction a guidé ses lectures ; elle fonde cet essai monumental, qui comprend sa thèse de médecine, consacrée à l’histoire du « traitement médical » de la mélancolie. Il y dévoile la puissance créatrice de la mélancolie. Car « la mélancolie peut être généreuse, comme on le disait à la Renaissance ».

De cette générosité, Jean Starobinski ne manquait pas, lui qui comptait parmi les derniers des encyclopédistes, l’érudit, le pianiste à l’oreille absolue, qui n’a cessé d’ausculter les textes avec esprit, en s’attachant à s’élever « au niveau d’une conscience philosophique de nos problèmes ». 

Expresso : les parcours interactifs
En finir avec le mythe romantique
Cendrillon a 20 ans, elle est « la plus jolie des enfants ». Mais pas pour longtemps. Beauvoir déconstruit les mythes romantiques et les contes de fée qui peuplent encore aujourd'hui l'imaginaire collectif.
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Entretien
14 min
Jean Starobinski: “La mélancolie peut être généreuse”
Martin Legros 28 novembre 2013

Alors qu’il n’a cessé d’explorer dans les pas de Rousseau et de Baudelaire l’aspiration à une vie recommencée, à un autre monde, cet esprit enjoué…

Jean Starobinski: “La mélancolie peut être généreuse”

Dialogue
8 min
Michel Serres, Jean-Louis Chrétien. Le temps, de l’univers à l’intime
Alexandre Lacroix 02 juillet 2008

Linéaire, cyclique, cosmique ou cellulaire, le temps est multiple. Michel Serres, encyclopédiste qui recompose le grand récit de l’Univers, et…

Michel Serres, Jean-Louis Chrétien. Le temps, de l’univers à l’intime

Article
5 min
Abba, de la mélancolie à la joie
Victorine de Oliveira 19 novembre 2021

Abba est de ces groupes dont la musique semble ne pas avoir pris une ride, même quarante ans après la séparation de la formation – quant à la…

Abba, de la mélancolie à la joie

Article
9 min
Les trois visages de la mélancolie
Alexandre Lacroix 26 octobre 2023

Avec les progrès de la médecine, le terme de « mélancolie », employé par les penseurs classiques, est devenu d’un emploi moins fréquent…

Les trois visages de la mélancolie

Article
6 min
Jean-Louis Trintignant, l’acteur qui pensait à la mort “pour mieux vivre”
Marie Denieuil 20 juin 2022

Jean-Louis Trintignant avouait penser au suicide depuis toujours – sujet « pas forcément gai » et pourtant, sans doute, moins…

Jean-Louis Trintignant, l’acteur qui pensait à la mort “pour mieux vivre”

Dialogue
13 min
Vincent Delecroix, Philippe Forest. Dans les allées de la mélancolie
Catherine Portevin 23 octobre 2014

La perte, d’un enfant ou d’un amour, est au cœur des œuvres de Philippe Forest et de Vincent Delecroix. C’est que, comprend-on à travers leur beau dialogue, deuil et littérature ont en commun de déceler dans l’absence l’éclat même du…


Entretien
15 min
Isabelle Pantin : Tolkien et l’écho d’un monde perdu
Octave Larmagnac-Matheron 27 juillet 2022

Tolkien a d’abord forgé un univers aussi vaste qu’ambitieux, cohérent et minutieux dans le moindre détail, avant d’y situer ses romans. L’écho de…

Isabelle Pantin : Tolkien et l’écho d’un monde perdu

Article
4 min
Les encyclopédistes: amitiés et inimitiés
Octave Larmagnac-Matheron

Récit – D'abord rassemblés autour du projet encyclopédique, Diderot, D'Alembert, Voltaire et Rousseau nouent de fructueuses amitiés intellectuelles. Mais, de désaccord en controverse, la rupture finira par être irrévocablement consommée…


À Lire aussi
Jean-Louis Aubert. Stratège enfantin
Jean-Louis Aubert. Stratège enfantin
Par Sylvain Fesson
novembre 2014
Jean-Louis Comolli, le cinéma contre le “désert” numérique
Jean-Louis Comolli, le cinéma contre le “désert” numérique
Par Jean-Marie Durand
mai 2022
Nicolas Grimaldi : “Toute joie est partagée”
Nicolas Grimaldi : “Toute joie est partagée”
Par Catherine Portevin
avril 2020
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Jean Starobinski, mort du dernier des encyclopédistes 
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse