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Biographie

Jean Jaurès. La métaphysique du socialisme

Cédric Enjalbert publié le 22 février 2012 9 min

« Marchons ! Pas de subtilité ! Pas de vaines ténèbres ! Allons au but qui est la justice. Éclairons les esprits, affranchissons le travail. Une fois émancipé, tout homme cherchera lui-même son chemin. » Tribun fulminant, Jaurès, fils de la Révolution et républicain jusqu’à l’os, a tôt pris l’optimisme pour épouse. Passé à la postérité comme leader du socialisme, on ignore souvent qu’il a fait œuvre de philosophe. Toute sa conception de l’action politique se fonde sur sa pensée métaphysique, guidée par une conception singulière de l’univers. Elle lui permet d’affirmer, comme une maxime de vie : « Allez ; laissez faire l’univers ; il a de la joie pour tous ; il est socialiste à sa manière. »

Un horizon tapissé de prés, de vignes et de pêchers, où les gorges de granit balayées par les vents résonnent de la musique des grillons et de la chanson des paysans : le Tarn, terreau de l’enfant Jaurès, né à Castres en 1859. Là, « on a pour soi, pour ses rêves, pour ses espérances, pour ses ambitions, toute l’étendue de l’horizon et toute la hauteur du ciel ». Le ciel, sa mère le prie. Son père, petit négociant sans le sou, y monte alors que son fils n’a que 22 ans. Le jeune Jean Jaurès prend la clé des champs. Il « médite sur la sub-stance, adossé à un tas de gerbes », s’éveillant à cette pensée que le cosmos doit être contemplé pour accéder à une morale qui unit « toutes les âmes réconciliées » sous la houlette du divin sentiment de participer au même monde. Le métaphysicien en devenir entame des études de philosophie après une scolarité studieuse. Le grec et le latin, où il pense puiser des fondements de justice et de liberté, nourrissent ses élans métaphysiques. Entré major à l’École normale supérieure, devant Bergson, il passe son agrégation de philosophie. Reçu troisième… derrière Bergson, il devient enseignant au lycée d’Albi, puis à la faculté des lettres de Toulouse.

« Je suis à bien des lieues de la politique, confiait-il à un ami en 1882, car il y a entre elle et moi une multitude de secrets qu’après bien d’autres, et tout naïvement, je cherche à deviner. Mais, comme j’espère avoir résolu tous les problèmes d’ici quatre ans, la politique n’est qu’ajournée. Quand j’aurai touché le fond de l’univers, il faudra bien revenir à la surface, très mêlée et très agitée. » Jaurès n’a pas tout à fait touché le fond de l’univers mais, déjà bien engagé sur les sentiers métaphysiques, il bifurque et se présente aux élections législatives sur la liste d’Union républicaine. Élu député du Tarn en 1885, il entre au Palais-Bourbon. À 26 ans, le jeune parlementaire exige des aides pour les paysans, soutient les ouvriers et défend les instituteurs. Rejeté par les modérés et mal vu des socialistes, alors peu nombreux à l’Assemblée, Jaurès  est isolé mais demeure fidèle aux « formules posées en 1789 ». Le politique prend la parole ; le journaliste fait ses premiers pas dans La Dépêche de Toulouse. Dans le même temps, il se marie. Sa fille naît l’année d’un échec électoral, en 1889. Il reprend son enseignement et s’attelle au Capital de Marx, qu’il juge « dépassé par les événements ». Sorti de la Chambre, il entre au conseil municipal de Toulouse. La culture et l’instruction publique lui échoient : il soutient l’art, fonde une association athlétique au lycée d’Albi, crée l’université de Toulouse… et parachève ses thèses – De la réalité du monde sensible et Des premiers linéaments du socialisme allemand chez Luther, Kant, Fichte et Hegel – qu’il publie avant d’être réélu conseiller municipal de Toulouse en 1892 et peu après avoir rédigé La Question religieuse et le Socialisme. Socialisme et métaphysique ont partie liée. Jaurès croit en une « démocratie cosmique » : « Quand le socialisme aura triomphé, quand l’état de concorde succédera à la lutte, […] [les hommes] comprendront mieux l’univers. […] L’univers lui-même n’est qu’une immense et confuse aspiration vers l’ordre, la beauté, la liberté et la bonté. »

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