Jean-Christophe Bailly. L’imagier
Jean-Christophe Bailly décrit pour mieux penser. Le langage, la ville, le théâtre et la peinture sont ses champs d’investigation. Pour cet inclassable, concept et image, vérité et fiction sont indissociables.
Le vent dehors souffle, non loin de la porte Saint-Martin, à Paris. Jean-Christophe Bailly arbore un sourire silencieux. En sa compagnie, chacun peut, à sa guise, garder ou ôter ses gants. Poignées de mains. « Le gant est l’objet mimétique par excellence. Parmi les objets ou les parures, il n’en est aucun qui parvienne comme lui à imiter la partie du corps qu’il recouvre. Le gant est à la main comme une seconde peau, comme une mue. Enfiler des gants, c’est enfiler l’image de sa main sur sa main. […] Cette perfection comporte quelque chose de troublant, parce que l’expérience d’une telle conformité entre l’enveloppé et l’enveloppant est rare. » « Gant », « sourire », « porte », « dehors », « vent », voilà quelques mots choisis, simples substantifs de leur état, qui invitent à penser. À raisonner, verbe qui a, parfois, de bonnes raisons de se confondre avec son homonyme, résonner. Ces mots changés en textes courts, habitent Le Propre du langage. Voyages au pays des noms communs, livre en forme d’étoile aux cent quatre branches, seuil rêvé pour accéder à l’œuvre prolifique de Jean-Christophe Bailly. Le gant du sensible et la main de l’intelligible n’y font qu’un – « Qui est le gant, qui est la main ? Cela dépend des jours. »
Ainsi le mot « légende », qui oscille entre l’illustration, la carte et le récit fabuleux : « Entre ces deux acceptions principales – l’une embrayant un régime de vérité et de désignation, l’autre au contraire épousant celui d’une fantaisie sans limites –, la légende se balance. […] En chaque nom la vérité est donnée et perdue, oscillante, et c’est dans cette oscillation entre fixation et départ, entre juridiction et fiction que le langage déploie sa vérité. Entre la légende légendant les choses et celle qui les rend légendaires, il n’y a qu’un battement. De l’une à l’autre, le langage n’est pas une hésitation, mais un parcours : série de touches ou de ricochets s’éclaboussant de vérité et de légende. » Cette trajectoire est reflétée par ses livres sur la ville, de La Ville à l’œuvre, ouvrage de référence pour de nombreux urbanistes et -architectes, aux récits fictifs Beau fixe et Description d’Olonne.
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