Je ne crois pas en Dieu mais je lis et relis la Bible. Est-ce normal ?
Antoine Pons, Paris
Peut-être que vous aimez, même si vous n’y « croyez » pas vraiment, vous poser la question de Dieu à l’occasion de toutes ces relectures : serait-il possible qu’autant de sagesse soit simplement humaine ? N’est-il pas envisageable d’entendre, entre certaines lignes, derrière certaines allégories, quelque chose qui serait la voix de Dieu ? On peut aimer se poser cette question sans jamais tomber du côté de ce qui serait une réponse, aimer se tenir en équilibre sur ce fil mais sans jamais sombrer, à la manière d’un sceptique qui ne refuse pas la question mais « suspend » son jugement, et se refuse à toute réponse. Finalement, c’est peut-être la question qui nous élève, pas la réponse. Peut-être aussi aimez-vous songer à tous ces hommes et toutes ces femmes qui se sont penchés avant vous sur la Bible, à cette communauté immense de celles et ceux qui l’ont lue et relue, qui l’ont interprétée, commentée, questionnée. Et si c’était aussi cela une religion : le lien que tisse entre nous ce que nous relisons et relisons toujours ? L’étymologie de « religion » – religare – est d’ailleurs discutée : elle peut renvoyer aussi bien à « relier » (les hommes entre eux, chaque homme à Dieu) qu’à « relire » – pourquoi alors ne pas penser que nous sommes reliés par ce que nous relisons ? La question est alors moins celle de l’existence de Dieu que celle de l’existence de ces textes sacrés qui font de nous, dès lors que nous nous y confrontons dans une exégèse sans fin, des animaux vraiment humains. Mais voilà que la question revient : si certains textes ont ce pouvoir, n’est-ce pas alors que Dieu existe ? Pas nécessairement : le sacré peut aussi venir, comme l’a montré par exemple Durkheim, des relations que les hommes tissent entre eux ; le sacré serait alors produit par tout ce que les hommes échangent, pendant un temps très long, notamment lorsqu’ils sont courbés vers des textes : énergie et idées, affects et croyances, lien social et empathie. Peut-être, enfin, que ce que vous appréciez, lorsque vous lisez la Bible, c’est autant comprendre que ne pas comprendre, saisir du sens que vous confronter au mystère. Les chrétiens aiment à évoquer le mystère de Dieu. Mais le mystère de la vie est sans doute encore plus grand si Dieu n’existe pas. Regardez la beauté du monde : d’une certaine manière, elle pourrait indiquer un Dieu créateur. Mais si Dieu n’existe pas, elle est encore plus fascinante. La puissance de la Bible n’est-elle pas, elle aussi, encore plus fascinante si Dieu n’existe pas ?
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