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Témoignages

“Je me sentirai guérie quand je n’aurai plus rien du tout”

Ariane Nicolas publié le 02 octobre 2020 8 min

Chez de nombreuses personnes, le processus de guérison s’avère problématique, à tel point que certaines victimes du Covid-19 n’hésitent pas à parler de « Covid long ».  Comment vivre avec et se remettre d’une maladie ? Nous avons recueilli quatre témoignages de patients convalescents que commente le médecin spécialiste d’éthique Jean-Claude Fondras à la lumière des classiques de la philosophie.

 

Six mois après avoir été infectée par le Covid-19, Géraldine * est toujours incapable de courir. « En mars, j’étais tellement mal que j’ai cessé de m’alimenter pendant plusieurs jours, raconte-t-elle. Je suis entrée dans un cercle vicieux : moins je mangeais, moins je pouvais faire d’efforts, et plus je perdais de masse musculaire. J’ai un peu remonté la pente durant l’été mais je reste encore très affaiblie. » Après un effort, Géraldine ressent un engourdissement dans le pied gauche et des fourmillements au niveau du nez. « Mon corps a un vrai problème, je le sens. Le désordre persiste. Donc, non, je ne m’estime pas guérie. Je me sentirai guérie seulement quand je n’aurai plus rien du tout. »

Géraldine est-elle encore malade ? Difficile à dire. « Ce qui pose problème avec le “Covid long”, c’est qu’on ne sait pas s’il s’agit de séquelles qui seraient dues au virus, ou bien de symptômes d’une pathologie résultant du Covid mais qu’on ne saurait pas classer », indique Jean-Claude Fondras, auteur de La Douleur. Expérience et médicalisation (Les Belles Lettres, 2009). Faute de pouvoir bénéficier d’un traitement curatif, Géraldine s’est inscrite à un atelier de réadaptation par le sport, dans un hôpital parisien. Trois fois par semaine, on y propose des exercices de récupération adaptés à tous types de condition physique. « J’ai décidé de me battre, même si cela doit prendre plusieurs mois. Si je ne souffre d’aucun mal, je ne vois pas pourquoi les choses ne reviendraient pas dans l’ordre. »

Une autre possibilité pourrait être de dire que les malades du « Covid long » comme Géraldine vivent une convalescence quelque peu atypique. Mais la convalescence suppose la certitude de la guérison, ce qui n’est pas le cas pour eux… « La convalescence, c’est de l’optimisme, relève Jean-Claude Fondras. On n’est pas encore complètement rétabli, mais on est sur le bon chemin. » Les personnes convalescentes présentent certes des séquelles, mais celles-ci ont vocation à se dissiper. Dans le cas du Covid-19, la méconnaissance de la pathologie est telle que le diagnostic sur sa forme longue reste incertain, et ce « même si les lésions n’existent plus et que le processus pathologique semble bien achevé ». 

 

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L’espoir d’une « guérison supérieure »

 

“Aucune guérison n’est un retour à l’innocence”
Georges Canguilhem

 

La première manière d’envisager la guérison consiste donc à se retrouver tel qu’on était avant l’épisode infectieux. Mais une maladie laisse aussi des traces, même imperceptibles, comme le souligne Georges Canguilhem dans Le Normal et le Pathologique (1966 ; dernière édition, PUF, 2013). Ce médecin et philosophe ébranle la vision quelque peu figée de la guérison. S’il définit bien ce processus comme « la reconquête d’un état de stabilité des normes physiologiques », il juge également qu’« aucune guérison n’est un retour à l’innocence physiologique ». Il n’y a jamais de restitutio ad integrum, de retour à l’identique : le corps et l’esprit gardent un souvenir de l’agression dont ils ont été victimes, ne serait-ce que sous forme de mémoire immunitaire. Dans le cas de Géraldine, cet historique se traduit notamment par la peur de tomber malade et de se faire vacciner contre la grippe, du fait d’un « organisme trop affaibli ». 

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