Au bistrot

Hiroki Azuma. Otaku malgré lui

Juliette Cerf publié le 4 min

Hiroki Azuma s’est fait connaître au Japon en publiant un essai sur les Otakus, ces fans de mangas et de jeux vidéo. Il décrypte ce phénomène postmoderne qui met en réseau ses aficionados tout en les isolant.

Est-ce parce qu’ils possèdent cette faculté de troubler les frontières entre la production et la réception que les Otakus n’avaient jusque-là été considérés ni comme un sujet à part entière, ni comme un objet digne d’intérêt ? Ces fans de mangas, de dessins animés et de jeux vidéo, passionnés par les avatars en tous genres, ne cessent, depuis les années 1980, de se démultiplier au Japon. Vivant entre eux, ils se passionnent pour des produits culturels ciblés qu’ils dérivent parfois jusqu’au vertige, brouillage de l’original et de la copie ; une figurine, un fanzine, un roman tiré d’un dessin animé, un dessin animé issu d’une figurine, etc. Consommateurs devenant auteurs à leurs heures, initiateurs d’un immense marché amateur parallèle, ils sont les symptômes de la diffraction de la personnalité propre à la cyberculture et à la mise en réseau. Ils ont fini par inventer une créature à leur mesure, Hiroki Azuma, un philosophe né à Tokyo en 1971, auteur de Génération Otaku. Les enfants de la postmodernité, sorti en 2001 au Japon et tout juste traduit en français. Nourri de philosophie française, influencé par la notion de simulacre forgée par Jean Baudrillard et par la condition postmoderne décryptée par Jean-François Lyotard, Azuma passe cette culture nippone au crible des catégories de la postmodernité – déclin des grands récits, généralisation des simulacres, consommation de bases de données, hyper-bidimensionnalité (représentée par l’écran d’ordinateur), société sans sympathie (pour en dire l’isolement).

Expresso : les parcours interactifs
Comme d'habitude...
On considère parfois que le temps est un principe corrosif qui abîme les relations amoureuses. Mais selon le philosophe américain Stanley Cavell l'épreuve du quotidien peut être au coeur d'un principe éthique : le perfectionnisme moral, qui permet à chacun de s'améliorer au sein de sa relation amoureuse.
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