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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Détail de l’illustration de couverture de “La Puissance des femmes”. © Philo Éditions

Une semaine avec les femmes philosophes

Hipparchie, “la vie forte des cyniques”

Octave Larmagnac-Matheron publié le 12 novembre 2020 3 min

Effacées, oubliées, dédaignées, les femmes ont traversé l’histoire de la philosophie en clandestines. Que reste-t-il de leur pensée ? Des traces, des bribes, des témoignages indirects, voilà pour l’Antiquité. « La parole est l’affaire des hommes », dit Homère ! « Cause toujours », ont répondu les femmes, siècle après siècle contre vents et marées, bûchers et interdits, condescendance et domination. Et d’Hypatie d’Alexandrie à Olympe de Gouges, de Rosa Luxemburg à Simone Weil et Hannah Arendt, elles ont osé penser aussi bien les questions universelles que leur propre condition, jusqu’à l’émergence des nouveaux féminismes contemporains.

C’est pour rendre hommage aux combats de ces femmes philosophes que Philosophie magazine Éditeur publie, jeudi 12 novembre, La Puissance des femmes. Une autre histoire de la philosophie.  Une galerie, une anthologie, une fresque qui raconte autrement la grande histoire de la pensée. Chaque jour de cette semaine, nous publions un portrait extrait de cet ouvrage. Aujourd’hui : plongez dans la Grèce antique et dans la pensée cynique avec Hipparchia.

 

© Philo Éditions

Commander La Puissance des femmes sur notre boutique.

 

  • Issue d’une riche famille de Thrace, Hipparchia (souvent francisé en Hipparchie) demeura toute sa vie une « métèque » en la cité d’Athènes. Elle tira, du peu de considération accordée aux étrangers, un certain mépris pour l’arbitraire des conventions sociales, et se tourna vers la philosophie cynique, en signe de protestation.
  • Née à la fin du IVe siècle av. J.-C., elle épousa Cratès de Thèbes, un disciple du célèbre Diogène, qui était le maître de son frère Métroclès. Ce dernier avait quitté l’école péripatéticienne après un événement honteux – un gaz malencontreux qu’il n’avait pu retenir lors d’un discours. « C’est la nature », lui avait alors simplement dit Cratès, pour apaiser sa honte. Hipparchie fut sensible à cette remise en question des règles de bienséance. 
  • Ses parents ne souhaitaient pas de ce mariage avec un paria. Ils finirent pourtant par céder, car leur fille menaçait de se suicider si l’on ne respectait pas son choix. La première rencontre avec leur nouveau gendre ne se passa pas, cependant, comme ils s’y attendaient : Cratès se déshabilla devant eux, et déclara à Hipparchie : « Voilà ton fiancé et tout son avoir, décide-toi en conséquence, car tu ne saurais être ma compagne à moins d’adopter aussi mes habitudes de vie. »
  • Les deux époux partagèrent dès lors une vie errante, faite de pauvreté et de dénuement. Diogène Laërce rapporte qu’ils faisaient l’amour en public, conformément au principe cynique de « cynogamie ». Contrairement aux femmes grecques, cantonnées à la gestion de l’oikos, la sphère domestique, Hipparchie accompagnait son mari dans tous ses déplacements et était, en ce sens, son égale.
  • Diogène Laërce rapporte d’ailleurs cette anecdote à propos d’un banquet donné chez Lysimaque, un général d’Alexandre le Grand devenu gouverneur de Thrace, auquel assistait Hipparchie. Théodore de Cyrène, un mathématicien pythagoricien, aurait lancé à l’assemblée des convives cette questions teintée de mépris : « Qui est cette femme qui a laissé sa navette auprès de sa toile ? » – qui a abandonné les affaires domestiques, pour le dire autrement. Réponse d’Hipparchie : « C’est moi, Théodore ; mais trouvez-vous que j’ai pris un mauvais parti, d’employer à m’instruire le temps que j’aurais perdu à faire de la toile ? » 
  • Aucune œuvre d’Hipparchie n’est parvenue jusqu’à nous. Elle serait pourtant, selon la Souda, la grande encyclopédie grecque du Xe siècle, l’auteur d’au moins deux ouvrages : Questions philosophiques (φιλοσόφους ὑποθέσεις) et Arguments et propositions (ἐπιχειρήματα καὶ προτάσεις). Outre son altercation avec Théodore de Cyrène, une seule citation d’elle nous est parvenue, rapportée dans l’Anthologie palatine  : « Je n’ai pas choisi, moi, Hipparchie, les travaux des femmes à l’ample robe, mais la vie forte des Cyniques ; je n’ai pas voulu des tuniques agrafées, ni du socque à haute semelle, ni de la résille luisante, mais la besace, accompagnement du bâton, le double manteau assorti et la couverture du lit étendu à terre. Je me prétends supérieure à la Ménalienne Atalante autant que la sagesse l’emporte sur les courses dans la montagne. »

 

La Puissance des femmes. Une autre histoire de la philosophie, dirigé par Octave Larmagnac-Matheron et Sven Ortoli, est disponible sur notre boutique en ligne.

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