Grève des éboueurs : regarder nos tas d’ordures en face
Quand les ordures sont traitées, elles disparaissent de notre vue et l’on finit par les oublier. Les plus de 6 600 tonnes de déchets qui s’amoncellent sur les trottoirs de certains quartiers de la capitale depuis la grève des éboueurs parisiens nous obligent à ouvrir les yeux et nous mettent face à ce que Georges Bataille appelle notre « part maudite ».
Une odeur de jus de poubelle a envahi Paris. Quelques rats se promènent entre les sacs plastiques éventrés. Huit jours que les éboueurs sont en grève, et les monceaux d’immondices grossissent de jour en jour, s’effondrant parfois sur eux-mêmes. La grève nous met face à la quantité titanesque d’ordures que nous produisons chaque jour… et que nous évitons constamment de voir le reste du temps. Ces tonnes de déchets que nous rejetons font pourtant partie de la vie urbaine, mais aussi de l’existence individuelle et plus largement encore, de notre nature humaine. La grève nous oblige indirectement à affronter ce que nous refusons habituellement de regarder en face.
Des détritus
Si l’on éloigne les sacs poubelle de notre logis, c’est d’abord pour les voir disparaître, pour qu’ils partent « hors de notre vue ». Dans son livre Homo detritus. Critique de la société du déchet (2017), le sociologue Baptiste Monsaingeon explique que depuis l’idéologie hygiéniste du début du XIXe siècle, le déchet est considéré comme une « externalité pathologique de la ville ». Il doit donc être éloigné le plus possible des espaces communs. L’acte de « le mettre au seuil » est une manière de l’éloigner de notre lieu de vie. C’est d’ailleurs entre autres pour éviter ce pénible face à face avec nos ordures que la poubelle a été imposée à Paris en 1883, par un arrêté publié par le célèbre préfet Eugène Poubelle. « Fermez la poubelle, et n’y pensez plus », argumentaient les vendeurs pour promouvoir leur usage. C’est encore le cas aujourd’hui. Tout est fait pour que le citoyen n’ait plus « à se soucier du devenir de cela même qu’il choisit d’isoler au sein de sa poubelle ».
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