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Des enfants à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza (Israël), le 28 février 2024. © AFP

À Gaza, notre humanité impuissante

Victorine de Oliveira publié le 06 mars 2024 3 min

« En demeurant les spectateurs d’une population gazaouie qui s’enfonce jour après jour dans une souffrance justifiée par ce qui ressemble de plus en plus à un désir de vengeance indiscriminée, ne sommes-nous pas en train d’éteindre progressivement quelque chose en nous ? Si l’on a pu s’écharper au lendemain du 7 octobre sur les notions de légitime défense et de proportionnalité, sur le type de solutions à apporter à un conflit qui dure en réalité depuis plusieurs décennies, et sur les répercussions que celui-ci peut avoir en France, on s’accorde aujourd’hui à peu près sur le même constat : notre impuissance.

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Au sein des plus hautes instances, le constat semble partagé, acté même. António Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a déploré fin février l’inaction du Conseil de sécurité, menacé selon lui de “mort cérébrale” : “La mort cérébrale correspond à une personne qui est vivante mais qui n’est capable de rien faire. Si le Conseil de sécurité, un jour, démontrait qu’il ne serait pas capable de faire quoi que ce soit, alors il serait très proche de cette condition clinique”, a-t-il lâché à Genève lors du Conseil des droits de l’homme. Des critiques similaires affleuraient déjà il y a deux ans au moment de la tentative d’invasion de l’Ukraine par la Russie, alors que le Conseil de sécurité ne parvenait même pas à voter une condamnation de l’agression, pour cause de veto… de la Russie. Aujourd’hui dans l’impossibilité de voter un cessez-le-feu qui permettrait d’acheminer de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza – les États-Unis, alliés d’Israël, s’y opposent –, les institutions internationales censées garantir la paix sont à deux doigts de la remise. En attendant, le bilan à Gaza dépasse les 30 000 morts, dont deux tiers de femmes et d’enfants.

À l’impuissance des États s’ajoute la nôtre. Alors même qu’aucun journaliste ne peut entrer à Gaza, faute d’autorisation donnée par l’armée israélienne depuis le début de son offensive lancée contre le Hamas, les images d’un quotidien proprement inhumain déferlent sur les réseaux sociaux, documentés par les quelques journalistes locaux qui ont eu la chance de survivre, des médecins, ou n’importe quelle personne qui parvient à trouver une alimentation suffisante pour la batterie de son téléphone portable. Les images sont difficilement soutenables. Suivre quelqu’un comme le journaliste Motaz Azaiza sur Instagram avant son évacuation, c’est voir déferler des enfants morts ou blessés, des parents qui ne comprennent pas pourquoi leur progéniture est devenue une cible militaire, des civils qui ne savent plus où aller pour se mettre à l’abri. Les récentes images repérées sur TikTok ou sur des applications de rencontre de soldats israéliens posant fièrement sur les ruines de Gaza ou avec des sous-vêtements de femmes palestiniennes, ne font qu’ajouter à la nausée, rendant presque inaudible le discours des rares objecteurs de conscience au sein de Tsahal.

Pourquoi notre incapacité à agir nous affecte-t-elle tant ? Pourquoi, à faire défiler ces images, avons-nous l’impression que notre humanité est grignotée à petit feu ? Bien sûr, les atrocités perpétrées par le Hamas indignent, d’autant plus qu’on n’a pas fini d’en mesurer l’ampleur, notamment en matière de violences sexuelles comme le documente un rapport de l’ONU publié lundi. Mais celles auxquelles se livrent l’armée régulière d’une démocratie ont le goût de la trahison. Au début d’un essai resté inachevé, L’Enracinement (1943), la philosophe Simone Weil fait la liste de tout ce qu’elle appelle “les besoins de l’âme”. Elle-même sorte de pasionaria de l’engagement, qui n’a pas hésité à s’épuiser auprès des ouvriers de Renault ou des républicains espagnols, compte dans sa liste “l’initiative et la responsabilité, le sentiment d’être utile et même indispensable”. Elle remarque que “la satisfaction de ce besoin exige qu’un homme ait à prendre souvent des décisions dans des problèmes, grands ou petits, affectant des intérêts étrangers aux siens propres, mais envers lesquels il se sent engagé”. Weil se distingue ici de Sartre pour qui l’engagement est un impératif appelé par la situation, par quelque chose d’extérieur, alors que Weil en fait un élan qui part des tripes. En cas d’impuissance, c’est tout notre corps et notre âme qui hurlent. »

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On considère parfois que le temps est un principe corrosif qui abîme les relations amoureuses. Mais selon le philosophe américain Stanley Cavell l'épreuve du quotidien peut être au coeur d'un principe éthique : le perfectionnisme moral, qui permet à chacun de s'améliorer au sein de sa relation amoureuse.
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