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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Irina Qiwi/iStockphoto

Revue de presse

Faut-il parler de “race” ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 03 décembre 2021 5 min

Philomag vous propose chaque semaine une sélection d’articles parus dans la presse française et étrangère. Des articles qui nous ont surpris, questionnés, dérangés. L’occasion de découvrir de nouveaux points de vue sur le monde et les événements qui font l’actualité.

Cette semaine, une question : quelle place donner à la notion de « race » dans le débat public ? Le terme, que l’on pensait définitivement enterré, ressurgit depuis quelques années non comme une rhétorique politique d’exclusion caractéristique de l’extrême droite, mais comme un instrument pour déconstruire des mécanismes de domination perçus comme racistes. Peut-on vraiment lutter contre le racisme sans parler de « race » ? Et inversement, la « théorie critique de la race » ne risque-t-elle pas recréer de nouvelles divisions, voire une forme de violence que l’on pensait disparue ? Le débat est plus que jamais ouvert.

 

Pierre-André Taguieff : “Même la cuisine française peut être accusée de perpétuer la suprématie blanche”

Dans un ouvrage récent, L’Antiracisme devenu fou. Le « racisme systémique » et autres fables (Hermann, 2021), le politologue Pierre-André Taguieff sonne la charge contre le discours contemporain qui, au motif de lutter contre le racisme, réinvestit la notion de race. Il revient sur son analyse dans un entretien accordé à L’Express : « Chassée par la porte, la “race” revient par la fenêtre. Une “race” certes déconstruite et en principe débiologisée, mais qui reste associée à la couleur de la peau, laquelle est un marqueur de l’appartenance aux “dominants” ou aux “dominés”. Puisque tout est construction sociale, la “race” est une réalité sociale comme n’importe quelle autre et devient ainsi à la fois un phénomène à étudier et un facteur explicatif des processus sociaux. Bref, “la race, ça compte”. » C’est tout le paradoxe, le « le tour de magie » de l’antiracisme d’aujourd’hui, qui finit pour Taguieff par voir de la race partout : « le “racisme systémique”, c’est le diable sans visage, dont le principal caractère est l’invisibilité. […] Le racisme est à la fois dépsychologisé et désindivisualisé. Il s’ensuit que combattre le racisme, ce n’est plus combattre les racistes », mais traquer toutes les traces du racisme dans les moindres recoins de la société. 

 

Luc Ferry : “Comme l’enfer, la théorie critique de la race est pavée de bonnes intentions”

Pour Luc Ferry, ce retour d’un discours de la race est lié à l’importation, dans l’Hexagone, d’une pensée venue des États-Unis : la « théorie critique de la race » (TCR). Comme il l’explique dans le Figaro, les tenants de la TCR « se rejoignent sur certaines idées fondamentales, à commencer par celle selon laquelle la race […] ne doit pas être considérée comme une donnée biologique, mais comme une construction sociale discriminante que l’universalisme républicain s’acharne à gommer sous les apparences de l’égalité formelle. […] C’est donc le “privilège blanc” que l’apparence trompeuse de l’égalité formelle aurait pour finalité de dissimuler. » L’universalisme est en cause parce qu’il entretiendrait, en refusant de voir les discriminations réelles que subissent certaines portions de la population, des logiques de domination. Le diagnostic peut être entendu, mais les solutions avancées sont éminemment problématiques : « Seules les politiques de discriminations positives pourraient faire changer les choses. Comme l’enfer, la TCR est pavée de bonnes intentions, comme lui, elle promet le pire, à savoir la déconstruction de l’universalisme républicain » au profit d’une fétichisation des identités raciales dont on pensait s’affranchir.

 

Catherine Coquery-Vidrovitch : “L’universel est important, mais il n’est pas occidental, blanc, il est multiple”

L’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch, interviewée dans Le Monde, adopte elle aussi une approche nuancée : « Ceux qui disent que tout est “race” ont autant tort que ceux qui disent que rien n’est “race”. […] Tous les gens raisonnables et honnêtes savent que les races n’existent pas. Seulement, le racisme, lui, existe. Et donc l’idée de race (et non la race), aussi. Il n’y a aucune raison de ne pas l’étudier, parce qu’elle tient une place importante dans la société. […] L’approche décoloniale a une idée-force intéressante qui est de dire que l’analyse sociale est complexe et qu’elle ne peut pas se résumer à la classe, qu’elle doit également prendre en considération le genre et la race ». Approche qui n’est pas, d’ailleurs, incompatible de l’universalisme pour Coquery-Vidrovitch. « Les universalistes et les décoloniaux s’apostrophent de façon extrêmement violente alors qu’il suffirait de faire un effort pour comprendre ce que chacun veut dire. »

 

Karen E. et Barbara J. Fields : “Il y a une parenté entre la structure logique des croyances américaines en la race et celles des croyances en la sorcellerie”

« On n’utilise pas une fiction, la race, pour combattre un fait, le racisme », ajoutent les sœurs américaines Karen E. et Barbara J. Fields (respectivement sociologue et historienne), autrices de Racecraft ou l’esprit de l’inégalité aux États-Unis qui vient d’être traduit, dans un entretien accordé à Marianne. La race ne peut, à leurs yeux, devenir une arme politique revendiquée, brandie comme un étendard positif. Mais il est cependant indispensable de parler de race, afin de déconstruire « l’ensemble des croyances partagées et des pratiques collectives qui font exister cette fiction » dans les discours et les pratiques sociales. « La vie quotidienne produit une immense accumulation de preuves à l’appui de la croyance » en la race – aux États-Unis, mais aussi dans une moindre mesure en France. La « racecraft » (« fiction de race ») est analogue, de ce point de vue, à la « witchcraft » (« sorcellerie »).

 

Sophie Smith : “Même les manifestations les plus impeccablement libérales contre le racisme sont considérées controversées aujourd’hui”

Pour dépasser les crispations du débat public contemporain, la politologue Sophie Smith propose de prendre un peu de recul historique : dans un article en forme d’hommage paru dans The New Statesman (en anglais), elle revient sur l’héritage de l’un des pionniers de la théorie critique de la race, Charles Mills, récemment disparu. « Pendant trois décennies, écrit-elle, Mills a poussé la philosophie académique à prendre en compte des sujets qu’elle avait systématiquement ignorés, au premier rang desquels la race et le racisme. Il a insufflé une nouvelle vie théorique à des idées […] comme “l’ignorance blanche”, et il a proposé de nouveaux concepts, comme le “contrat racial”, qui ont permis d’analyser des phénomènes du monde réel – tels que la persistance du suprématisme blanc à l’âge du libéralisme – qui avaient auparavant échappé à l’examen philosophique. […] Pour Mills, lutter contre la domination raciale était une tâche d’une extrême importance philosophique. »

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