Être professeur aujourd’hui : pour quoi faire ?
La question de l’école est au cœur de l’actualité de cette rentrée 2023. Mais derrière les nombreux débats qui l’agitent, c’est la définition du métier du professeur qui interroge. Plusieurs publications récentes permettent d’affiner l’analyse d’une profession en mutation et en souffrance. Frédéric Manzini, professeur de philosophie, en dresse un panorama édifiant.
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L’Éducation nationale va mal. Ce n’est pas nouveau mais ça s’aggrave. Le constat est à peu près unanime, les problèmes sont multiples et bien connus : baisse d’attractivité d’un métier largement discrédité, effectifs surchargés dans les classes, ségrégation scolaire, bricolages du baccalauréat, intromission du religieux, réforme de la filière professionnelle, etc. Mais les symptômes sont tellement nombreux qu’on en vient à se demander : quelle est l’origine du mal ?
Des vocations brisées sur l’autel de la réalité sociétale
Plusieurs livres de témoignages de professeurs aident à se faire une idée plus précise de ce qui se passe, aussi bien dans les salles de classes que dans la tête des enseignants. Celui d’un professeur d’anglais d’abord qui, tout en venant de donner sa démission après douze ans d’exercice notamment dans l’académie toulousaine, signe L’Ex-plus beau métier du monde (Flammarion, 2023). Si William Lafleur, connu sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de « Monsieur Le Prof », donne comme sous-titre L’état des lieux inquiétant de l’Éducation nationale, c’est plutôt à un cri d’alarme que ressemble son ouvrage qui souligne en particulier le décalage entre le discours institutionnel et la réalité du terrain. À chaque chapitre, il raconte des situations précises, aussi concrètes que désespérantes, dont les constats sont relayés par extraits des milliers de lettres et messages qui lui ont été envoyés par d’autres professeurs, comme pour constituer la chambre d’écho d’une souffrance au travail dont on peine à mesurer l’ampleur.
“Tous ces cas de maltraitance institutionnelle, de vocations brisées, de solitude, de désespoir et de collègues sur le départ n’étaient pas des situations isolées, mais bien quelque chose de systémique”
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