Entre-t-on dans l’âge des “cybercimetières” ?
En Chine, les « cybercimetières » se multiplient face au manque de place dans les espaces urbains. Une pratique nouvelle, qui interroge notre rapport au corps, à l’espace, à l’absence. En quoi consistent ces nouvelles pratiques funéraires ? Éclairage.
L’an dernier, près de 10,4 millions de citoyens chinois sont décédés. Problème, dans ce pays où l’inhumation reste majoritaire, les cimetières commencent à manquer de place, notamment dans les grandes villes. Comme le remarque un reportage de Bloomberg, repéré par le magazine Uzbek et Rica, les autorités s’adaptent en conséquence, créant des « cybercimetières », des salles funéraires où les cendres des morts sont entreposées dans de petits compartiments, comme un étroit columbarium vertical. Par « cyber », il faut entendre en réalité « numérique » : tous ces casiers regroupés forment, en façade, un gigantesque écran qui peut diffuser des images du défunt que l’on vient voir, ou de tout autre décor (un paysage, un dessin, ou… un vrai cimetière). Une manière de contrebalancer, par une stratégie de personnalisation, le caractère très impersonnel de ces salles collectives.
Logique des “cybercimetières”
Les pratiques liées à la « numérisation de la mort » ne sont pas récentes. Comme le notent Maude Bonenfant et Charles Perraton dans Identité et Multiplicité en ligne (2015, également téléchargeable gratuitement), « dès les années 1990, on observe […] l’existence de cyber-cimetières », des cimetières sur internet « construits dans un univers graphique inspiré des cimetières traditionnels [qui] permettent aux proches de créer des mémoriaux en ligne dans le but de rendre hommage aux défunts ». Ces mémoriaux restaient des supplétifs aux tombes traditionnelles. Mais les choses ont évolué avec le perfectionnement des outils numériques, les réseaux sociaux et plus récemment encore, l’avènement du métavers qui offre précisément la possibilité d’entrer dans un espace numérique donné. L’idée de ces cybercimetières a d’ailleurs accompagné, presque immédiatement, la naissance du « métavers » : l’idée d’un monde privé d’espace dédié aux défunts semble impensable.
Faites-vous primer le désir comme Spinoza, la joie à l'instar de Platon, la liberté sur les pas de Beauvoir, ou la lucidité à l'image de Schopenhauer ? Cet Expresso vous permettra de le déterminer !
Dans Les Deux Corps du roi. Essai sur la théologie politique au Moyen Âge (1957), Ernst Kantorowicz donne une définition de cette « …
Le corps est-il une prison à laquelle nous sommes inexorablement rivés, dans le plaisir comme dans la souffrance ? Non, répond Levinas : s’affirmer comme corps est le premier acte par lequel l’homme s’arrache au monde. Mais…
La crémation gagne du terrain depuis quelques décennies et des cérémonies laïques s’inventent. Mais cette personnalisation des rituels menace notre capacité à trouver un sens commun aux dernières fins. Et exprime peut-être une négation…
La course au métavers a commencé. Les plus puissants acteurs du numérique, dirigeants de Microsoft, de Facebook ou de l’industrie des jeux vidéo,…
De plus en plus de femmes dénoncent des comportements violents dans le métavers. Fin mai, une chercheuse anglaise a révélé que son avatar avait…
Profondément marqué par le judaïsme, Levinas n’a pourtant rien d’un théologien, comme le souligne la philosophe Danielle Cohen-Levinas. Que peuvent alors signifier les références à la religion que le philosophe égrène au fil de ses…
Tandis que la réforme de la législation sur l’euthanasie suscite des débats houleux, la tradition philosophique nous offre trois démarches pour…
La Chine fait peur, c'est un fait. En 2020, plus que jamais – du moins « de par chez nous ». Trop grande, trop secrète, trop puissante,…