En mémoire de Maksim Levin, photoreporter tué en Ukraine

La rédaction de Philosophie magazine a appris avec une grande tristesse la mort de Maksim Levin, photoreporter qui couvrait la guerre en Ukraine et dont le corps a été retrouvé vendredi 1^er avril, près de Kiev. Si le décès brutal d’un journaliste dans l’exercice de ses fonctions est toujours une tragédie pour la profession, la disparition de Maksim Levin nous bouleverse d’autant plus que c’est avec l’un de ses clichés que nous avions illustré la couverture de notre dernier numéro, intitulé « La guerre, alors qu’on n’y pensait plus », sorti en kiosque le 19 mars 2022. Nous adressons nos pensées émues à sa famille et ses collègues.

Né en 1981, de nationalité ukrainienne, Maksim Levin avait commencé à photographier son pays en 2013, et notamment à documenter le conflit dans le Donbass dès 2014. Depuis l’invasion russe en Ukraine, le 24 février 2022, il travaillait à la fois pour le site indépendant LB.ua et l’agence de presse Reuters, qui a officialisé sa mort samedi. Il avait également réalisé plusieurs films documentaires depuis le début de sa carrière. Il était marié et père de quatre enfants.

Sa dépouille a été retrouvée vendredi 1^er avril dans la petite ville de Huta-Mezhyhirska, au nord de Kiev, alors que le journaliste était porté disparu depuis le 13 mars, d’après la Fédération européenne des journalistes. Si la ville où il se situait a été bombardée, son corps porte des traces d’armes à feu, selon le bureau du procureur général d’Ukraine : « Il a été tué de deux balles de petit calibre par les forces armées russes », une information qui n’a pour l’instant pas pu être confirmée de sources indépendantes.

Selon Reporters sans frontières, sept journalistes ont été tués depuis l’invasion russe en Ukraine, le 24 février. Maksim Levin « n’était pas armé et portait un gilet pare-balles, avec le mot “presse” écrit dessus », a précisé l’association sur Twitter, rappelant que « cibler des journalistes est un crime de guerre ». D’autres journalistes sont également blessés ou portés disparus, soupçonnés d’avoir été enlevés par l’armée russe.

Vous pouvez retrouver ci-dessus, en bandeau-titre de cet article, la photo de Maksim Levin que nous avions choisie pour illustrer la couverture de notre numéro d’avril. Un cliché saisissant qui nous avait retenus pour plusieurs raisons : ses couleurs crépusculaires, la gestuelle déterminée du soldat, son hors-champ mystérieux qui interpelle le spectateur et sa dimension presque intemporelle. En complément, nous choisissons de publier ci-dessous certaines de ses productions particulièrement marquantes.

Place de l’Indépendance, Kiev (Ukraine), le 20 février 2014. Des manifestants se protègent lors d’affrontements contre la police anti-émeute pendant la révolution ukrainienne de 2014. © Maksim Levin/Reuters

Ilovaïsk (Ukraine), le 26 août 2014. Un membre des forces de défense ukrainiennes en position lors d’un affrontement avec les séparatistes pro-Russes pendant le siège d’Ilovaïsk, à l’est du pays. © Maksim Levin/Reuters

Pervomaïsk (Ukraine), le 2 août 2014. Des artilleurs de l’armée ukrainienne se protègent des déflagrations de leurs propres tirs, qu’ils effectuent en direction des séparatistes pro-Russes dans la région de Lougansk. © Maksim Levin/Reuters

Yasnogorodka (Ukraine), le 2 mars 2022. En pleine invasion du pays par les forces russes, une femme propose des sucreries à des soldats ukrainiens dans un village près de Kiev.

Demydivka (Ukraine), le 10 mars 2022. Dans une tranchée, un membre des forces de défense ukrainiennes cherche à se protéger d’un tir d’hélicoptère russe. © Maksim Levin/Reuters

Région de Lougansk (Ukraine), le 6 janvier 2022. Maksim Levin avec un chat, près de la ligne de front opposant l’armée ukrainienne aux séparatistes pro-Russes. © Stanislav Kozliuk/Reuters